Pinochet et ascenseur social

La lutte des classes représentée dans La Pièce rapportée mute en dialogue entre l’ancien et le nouveau, à l’instar du remplacement du mobilier d’intérieur que refuse la terrible belle-mère : l’écriture vaudevillesque du scénario, qui adapte une nouvelle écrite par Noëlle Renaude, est synonyme de dynamisme et se réjouit des stéréotypes qu’incarnent les personnages au desquels s’égarent et s’aiment deux parvenus. Les séquences puisent à différentes sources : le voyage d’Ava nue dans une contrebasse cite la nouvelle Le Roman d’une contrebasse d’Anton Tchekhov, les tenues et déguisements portés par la jeune femme emprunte aux comédies musicales américaines ayant adopté Paris comme chef-lieu – on pense notamment à celles réalisées par Stanley Donen –, la fantaisie dont témoigne la mise en scène pourrait s’y rattacher, ainsi qu’au cinéma de René Clair par exemple, en témoigne l’attachement à la tour Eiffel et aux différents quartiers emblématiques de la capitale, reconsidérés à la lumière des sans-abris peuplant les bas-côtés de l’autoroute. Le réalisateur Antonin Peretjatko conçoit une atmosphère tout aussi désuète que le reliquat d’aristocratie ici croqué et orchestre la revanche des déclassés avec verve, malice et drôlerie. Une belle réussite portée par d’excellents comédiens.

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le 7 déc. 2024

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Fêtons_le_cinéma

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