L'ainée du sieur Baptista est à marier et il n'est que le cupide Petruchio, alléché par la dot, pour se frotter à cette jeune femme coléreuse et virulente, cette mégère refusant (pour quelle raison au juste ?) tous les partis et toutes les propositions galantes.
L'oeuvre de Shakespeare est une farce dont l'intérêt essentiel, dans cette adaptation de Zeffirelli, relève de la prestation colorée et truculente du couple Elizabeth Taylor-Richard Burton. On ne sait si leur mésentente bien connue à la ville a servi les deux comédiens dans cette composition d'une phénoménale scène de ménage ; toujours est-il que leur joute verbale, tour à tour ironique et sarcastique, est un beau moment de comédie.
L'affrontement entre les deux époux préfigure évidemment l'amour et, à cet égard, le pugilat enfantin du début de leur relation suggère un corps à corps plus voluptueux que brutal, un jeu amoureux. De fait, la relation entre Petruchio et Katharina a de petits airs de la comédie sentimentale américaines de l'âge d'or. Progressivement, Petruchio semble pouvoir dompter la sauvagerie et l'orgueil de Katharina, laquelle conclura avec une profession de foi d'épouse qui ne manquera pas d'heurter les féministes.
Le film se déroule dans une remarquable et minutieuse reconstitution de l'Italie de la Renaissance. Trop remarquable ? Car on peut se demander si le formalisme baroque et flamboyant du film, voire même la réalisation dynamique de Zeffirelli, ne nous détourne pas du texte.