La Chair et le Sang par DjeeVanCleef
1985, Paul Verhoeven balance "Flesh and Blood" à la face du monde, son premier film en langue anglaise, eport pour les USA, où trouver un type à qui t'identifier sans er pour un dégénéré est voué à l'échec, Paulo s'obstinant à mettre en avant le côté sombre, vomissant du décadent, du cru, exposant divers fluides corporels - sueur, sang, sperme...-, et les jetant dans le torrent furieux qui alimente le fleuve de son récit.
Chair et sang, trahison et peste, feu et foutre.
Si tu cherches la véracité historique, e ton chemin, ce n'est pas un documentaire, c'est les ténèbres.
Rutger Hauer en mercenaire divin, chef de meute qui deviendra roi en son château, puis finira dans un puits - à noter que ce film et son tournage apocalyptique marque la fin de l'amitié entre l'acteur et le metteur en scène -.
Jennifer Jason Leigh, un regard de chienne posé sur un corps de presque femme - dépucelage au rythme du tambour c'est moins romantique que sur une tarentelle, pour sûr -, princesse nymphomane, tiraillée entre le vilain et le noble, assoiffée de vivre surtout, et prête à tout pour continuer à laisser battre son coeur.
Qu'il convoque le jardin des délices, Lucio Fulci dans une scène où on conte fleurette à l'ombre de pendus, putréfiés, en partageant de la Mandragore - ou ce qui ressemble à un navet -, Lucas Van Leyden, Chang Cheh ou Peckinpah, c'est le rythme qui impressionne, la fluidité et la beauté de certains plans, sublimés, qui plus est, par le score merveilleux de Poledouris.
Un film qui me fait voir l'étrange plaine d'où je viens - un coin du 93, Seine St Denis, Chicago bis, Port des récidivistes, Mère patrie du vice - comme ce qu'elle est, un doux paradis.
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