On rentre un peu à reculons à la séance de « L’un dans l’autre », et à tort. En effet, le casting aligne certes une Louise Bourguoin et un Stéphane de Groodt qui se sont déjà montrés à l’aise dans le genre comique et qui n’ont plus leurs preuves à faire. De plus, ils sont secondés par les trop rares Aure Atika et Pierre-François Martin-Laval, ce dernier étant désormais plus occupé à la réalisation. Un quartet de comédiens qui pouvait néanmoins laisser craindre une de ces comédies interchangeables et dans l’air du temps dont le cinéma français a malheureusement le secret de nos jours ; elles sont, au choix, lourdes ou formatées à l’extrême. Et le sujet de l’échange des corps a déjà été maintes fois vu au cinéma, notamment américain (« Freaky Friday », « Echange standard », …), et ne s’accorde pas forcément avec notre patrimoine comique. Et bien on se trompe tant on rit à gorge déployée grâce à cette excellente tranche de rires conceptuelle. Et cela n’est pas si courant pour une comédie française de nos jours. En outre, l’argument de base est extrêmement bien exploité.
En effet, que ce soit dans le domaine professionnel (le scénario leur a donné des métiers divers prompts à nous am), dans l’écriture des personnages (ils sont bien opposés dans leur mode de vie), sur le plan sexuel (forcément il y a découverte et acceptation du corps de l’autre et rapport à leur manière d’appréhender la sexualité) ou sur le versant familial et relationnel (s’adapter aux relations tenues précédemment avec tout un chacun ou aux traditions familiales), le script englobe la totalité des possibilités données par un tel postulat. D’ailleurs, c’est peu-être sur le côté sexuel que c’est le moins réussi car c’est le plus attendu et ça menace de tomber parfois dans le potache un peu lourd à l’américaine. Mais cette impression reste surée par la réussite générale et d’autres points forts.
« L’un dans l’autre » nous procure d’ailleurs une foultitude de scènes à tomber par terre. Il ne se e pas un quart d’heure sans que l’on ait l’occasion d’éclater de rire. La palme revient à la scène chez le dentiste portée par Aure Atike et Louise Bourgouin. Un summum d’humour. Dans l’ensemble, on peut être gré aux seconds rôles d’approvisionner le comique car c’est par le biais de leurs réactions que l’on est amené à rigoler. Les deux comédiens principaux ont beaucoup travaillé leur prestation et on reconnait bien les mimiques de chacun dans l’autre, mais aussi les mimiques de chacun essayant d’imiter l’autre, dans l’autre. Vous suivez ? On apprécie également l’absence d’une quelconque morale ou de jugement, on est là pour se divertir à 100% et c’est tant mieux. Juste qu’il est agréable de voir un homme prendre conscience des problèmes féminins quotidiens et inversement. Voilà donc une bonne comédie française aux dialogues ciselés et aux situations drôlissimes qui ne vous laisse pas une seconde de répit grâce à un montage serré et un sens du rythme adéquat.