Tout d'abord, je tiens à dire que je ne serais certainement pas objectif pour ce film. J'ai connu ce qu'était une harmonie de village, et me retrouver dans une ambiance similaire m'a véritablement touché, entre l'ambiance tranquille, les musiciens qui jouent pas vraiment juste et les piques et rumeurs. On est dans un village, celui de Pontarviliers, et il n'est pas si différent de ce que j'ai connu.
De plus, il y a autre chose qui m'a attiré : la contemplation. J'ai découvert ce film comme à peu près tout le monde, lors de sa première diffusion sur Arte en 2013. J'ai été submergé, comme la caméra, par la neige. Le vide. Le silence.
Soudain.
Au loin. Une note d'accord est joué. Le film commence, doucement. Il est parti pour une heure à nous raconter l'histoire de gens simples et la musique faite par des gens simples, il est de cette couleur blanche qui recouvre les toits et les maisons de Pontarviliers.
Mais M. Blaise Harrison n'est pas juste un simple réalisateur. Il est aussi directeur photo. Et cela se sent : les plans sont travaillés, la composition est minutieuse. On voit un film équilibré, qui prend son temps pour raconter. Le son aussi est travaillé. Pas que la musique, bien sûr, mais aussi les petits bruits : ici les gouttes d'eaux qui tombent sur un fut en plastique, là les bruits des pas dans la neige. Et le montage. Dynamique, sensé, clair. J'ai rarement vu un documentaire aussi virtuose dans ses coupes.
A la limite de l'expérimentation technique, le film e donc son temps entre plans contemplatifs de la forêt aux alentours et entre les séquences consacrées aux musiciens, qu'ils soient en train de jouer ou dans leurs activités ordinaire : la pèche, la chasse, le sport, le tout avec un regard assez aimant. L'utilisation régulières des longues focales donnent beaucoup de force au film : on se sent loin, tout en étant proche.
Alors, je sais qu'il est difficile de rentrer dans un film comme celui ci. Il n'a pas de progression narrative, pas d'avancée.
Il y a néanmoins un climax auquel on ne s'y attend absolument pas, une séance d'enregistrement des musiciens d'une musique surement composée pour le film. Scène qui remet un peu de sens en fin de film et crée une véritable conclusion.
Mais le film fait des efforts en ne durant qu'une heure. Harrison devait sûrement savoir qu'il ne pourrait pas raconter grand chose de plus sans se répéter.
Je ne peux que conseiller ce film, que j'ai revu. Qui m'a remis une claque dans la gueule. Ça fait du bien parfois.