L'Exoconférence
7.7
L'Exoconférence

Spectacle de Jean-Christophe Hembert (2014)

Le conférencier et les extra-terrestres (de l'extrême)

Y’a-t-il de la vie dans l’univers ailleurs que sur notre planète? C’est autour de cette question que s’articule L’Exoconférence, le nouveau spectacle d’Alexandre Astier. Comme son nom l’indique, c’est une conférence; et, comme son auteur l’indique, c’est une conférence qui va quelque peu partir en vrille.


Ceux qui ont vu Que ma joie demeure! se trouveront ici en terrain de connaissance: on a un peu le même schéma, à savoir un protagoniste expert vaguement qui doit se farcir de la vulgarisation sur un sujet pas forcément très facile. Ici, la situation est rendue encore plus compliquée par les aléas de la technique, à savoir un système d’exploitation qui n’en fait qu’à sa tête.


Il fait reconnaître qu’Alexandre Astier est à son aise dans ce genre de personnage et de situation; d’un autre côté, il n’y a pas non plus beaucoup de surprises: on peut assez facilement calquer le scientifique anonyme de L’Exoconférence sur le personnage de Jean-Sébastien Bach de Que ma joie demeure! ou sur le roi Arthur de Kaamelott.


Du coup, si on n’entre pas dans ce trip fait de décalage, de digressions et de délire quelque peu décousu, on risque de er à côté du spectacle. Personnellement, j’ai beaucoup ri – même quand il se moque des rôlistes (OK, surtout) – mais je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer certaines des ficelles du spectacle, parfois un peu trop visibles.


Ce qui est remarquable, c’est que l’aspect conférence, et donc vulgarisation, n’est pas complètement occulté par l’aspect comique. Astier nous livre des explications limpides sur le paradoxe de Fermi et sur les difficultés du voyage interstellaire – disons plutôt, son impossibilité, selon les lois de la physique telles que comprises aujourd’hui. La science-fiction reste encore de la fiction, de ce côté là.


J’ai beaucoup aimé le petit épisode musical final, qui rappelle qu’Alexandre Astier est aussi un fin musicien – et qu’il joue d’ailleurs quelque chose qui s’apparente un peu à du rock progressif instrumental, d’ailleurs. Les piques lancées vers les chaînes de la TNT spécialistes des émissions genre « Whatevers de l’Extrême » étaient elles aussi bien vues – et je parle en connaissance de cause.


Mention spéciale pour le démontage – répété – de la fameuse plaque de Pioneer 10, qui est un peu le leitmotiv du spectacle.


Je mentionnerai aussi que la première partie était assurée par Bruce Benamran, plus connu pour sa chaîne YouTube de vulgarisation scientifique « E-Penser », qui se livre ici en une petite demi-heure à un exercice en solo assez impressionnant de maîtrise.


Le spectacle était très sympathique, voire très bon par moments, mais je serais sans doute moins enthousiaste que beaucoup de ceux qui l’ont vu. Je suppose aussi que c’est une question de média: je suis devenu moins sensible aux spectacles comiques, avec l’âge.


Je soupçonne aussi que j’avais tellement lu et entendu de critiques positives sur L’Exoconférence que, même très bon, ça reste un spectacle en-dessous de mes attentes.

7
Écrit par

Créée

le 25 janv. 2016

Critique lue 272 fois

Stéphane Gallay

Écrit par

Critique lue 272 fois

D'autres avis sur L'Exoconférence

L'Exoconférence
10

Astier, la Vie, l'Univers, le Reste

4 octobre 2014, Théâtre du Rond-Point, Paris, 18h30. Les rideaux noirs s'écartent pour la rentrée en scène d'Alexandre Astier. Dés les premières secondes, une énergie, un rythme, un ton. Astier dans...

le 4 oct. 2014

43 j'aime

11

Critique de L'Exoconférence par Faustt

Ni très drôle, ni très intéressant, je suis particulièrement déçu de ce spectacle. J'ai vu de nombreuses fois "Que ma joie demeure" qui est bien mieux écrit et bien mieux construit. Dans...

Par

le 12 oct. 2015

33 j'aime

L'exosoliloque

Pour cette conférence ou plutôt ce pastiche de conférence, dont l'intention est de "régler la question de la vie extra-terrestre", Astier pioche dans l'histoire des sciences de l'antiquité à nos...

le 27 oct. 2015

25 j'aime

1

Du même critique

Je n'aime pas le BDSM, mais...

Vous vous souvenez de la série « je n’aime pas N, mais… »? Eh bien Sunstone, bande dessinée signée Stjepan Šejić, en est une nouvelle illustration, avec en N le BDSM. Principalement parce que...

le 25 avr. 2015

12 j'aime

On ne Satan pas à tant de mélodie

Parmi les groupes que j'évite de mentionner au bureau (note: je bosse pour une organisation chrétienne), Rotting Christ, dont le nouvel album, Rituals, vient de sortir, figure en assez bonne place...

le 19 mars 2016

11 j'aime

D'avant-garde et accessible

Dans un commentaire sur le billet de samedi, je mentionnais que ma liste de lecture musicale comportait trois monstres: en plus d'Eva Can't et d'In Tormentata Quiete, il y avait Malina, le nouvel...

le 2 oct. 2017

9 j'aime