A l'aube du changement.

Nous sommes au tout début des années 60 et le paysage Hollywoodien commence à muter doucement mais sûrement. Avec l'arrivée de metteurs en scène comme Siegel, Peckinpah, Aldrich ou encore Lumet, l'aspect bien propret et inoffensif des productions habituelles laisse petit à petit la place à un ton bien plus désenchanté et à une violence sous-jacente.

Tourné dans un sublime noir et blanc presque anachronique en ces temps de Technicolor à tous les étages, "L'enfer est pour les héros" présente ainsi une vision sans fard de la guerre et principalement des soldats américains, loin des figures héroïques qui pullulaient jusque-là sur les écrans. Ils sont sales, pour la plupart blasés, et n'espèrent en général plus rien si ce n'est vivre le plus longtemps possible.

Avec son sens inné de la mise en scène, Don Siegel livre un film court et allant directement à l'essentiel, s'attarde sur ses hommes sans jamais perdre de vue son objectif, filme magistralement un Steve McQueen étonnant, barbu, taciturne, peu sympathique, dont le regard à la fois intense et voilé en dit infiniment plus long qu'un monologue de vingt pages déclamé par un acteur shakespearien.

Ayant visiblement inspiré Speilberg pour son "Il faut sauver le soldat Ryan", "L'enfer est pour les héros", sans être une pièce maîtresse du film de guerre américain, n'en reste pas moins une étape importante dans l'histoire d'une industrie qui n'allait pas tarder à envoyer chier ses atours les plus glamours pour une approche bien plus sèche et contestataire.
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le 24 juin 2014

Modifiée

le 23 juin 2014

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Gand-Alf

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