Naïveté, fraicheur et simplicité

Des frères Lumière aux images de synthèse de Avatar. La toute-puissance informatique, qui autorise désormais toutes les folies scénaristiques, accouche, trop souvent, du Grand n’importe quoi. Rendez-nous les décors en stuc, les marionnettes et les incrustations d’antan.

Jason et les Argonautes constitue le sommet des carrières de Don Chaffey, Todd Armstrong (Jason) et Nancy Kovack (Médée), qui jamais ne retrouveront cet état de grâce. Si la danse de Médée est moins lascive que celles d’Hérodiate ou Cléopâtre, elle n’en est pas moins charmante. Les couleurs sont magnifiques, les décors réels séduisants, les héros charismatiques et Argo, la fameuse galère, vogue pour de vrai. Elle flotte !

Pélias a tué et détrôné son frère Éson, roi de Thessalie, mais laissé échapper son jeune fils Jason qui, depuis, erre, l’âme en peine. Maudit par l’Olympe, le royaume est tombé dans la misère. Seule la capture de la Toison d’or permettrait à Jason de regagner la bienveillance divine. Avec ses compagnons, il affronte mille dangers, sauve Médée la magicienne et aborde en Colchide. Le sort est cruel : pour sauver son peuple, il doit ruiner celui de ses hôtes et affronter Æétès son souverain. Plus tragique encore est le destin de Médée, amoureuse de Jason et contrainte de renier sa famille.

Les dieux grecs sont cyniques, joueurs, menteurs, oisifs, c’est à dire parfaitement humains. Jason est tenté par un sage agnosticisme, il aspire à les ignorer. Hélas, seul un appui divin lui permettra d’échapper aux pièges de Zeus. Vous apprécierez le musculeux torse de Neptune, les hurlements des harpies, les danses macabres des spectres et la lente démarche hautaine et implacable de Talos, le titan d’airain.

PS. Ce que ne dit pas le film : Jason oubliera Médée dans les bras de Créuse, la fille du roi Créon. Médée tuera sa rivale et ses propres enfants, Merméros et Phérès, puis disparaitra dans un char ailé. Elle épargnera Jason, qui rentrera à Iolcos et recouvrera son trône. Défiez-vous des magiciennes !