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Nelson Mandela est entre la vie et la mort, mais il restera dans nos mémoires : les grands hommes ne meurent jamais. Invictus est un hommage qu’a voulu lui rendre Clint Eastwood en 2010 en évoquant...
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le 29 juin 2013
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Eastwood peut faire un peu de tout, de la vraie sensibilité bouleversante ("Million Dollar Baby" en est un sommet), tout comme de la sensiblerie indigeste. Dans ce film...il y a un peu les deux et ce quel que soit le "sujet principal" de la scène.
Car il faut reconnaître quelque-chose à Invictus, le "spectre" de ce film est large: fin de l'apartheid et donc plaies ouvertes à refermer, ambition et personnalité du personnage de Mandela, esprit du capitaine de l'équipe nationale d'Afrique du Sud devant motiver ses troupes, et surtout Coupe du Monde de rugby 1995. Or ces sujets sont traités avec un succès...pour le moins mitigé...
-l'apartheid d'abord. Ici, rien à dire: le pays divisé, les relations tendues entre blancs et noirs (en particulier les deux gardes du corps: remarquables), le rapport aussi avec l'argent: c'est sincère, poignant, fort et même si ça sombre un peu dans la guimauve à la fin ça se "fond" bien dans l'ensemble (après tout: le film est optimiste, autant s'y faire!..)
-Mandela ensuite. Alors là ça se gâte: certes Morgan Freeman est un grand acteur et ne commet aucune faute de jeu, mais de trop nombreuses scène sombrent dans la sensiblerie gratuite. Or Mandela était un président respecté, pas un pasteur: force n'est pas noirceur et on a l'impression de voir un agneau et non un guide, en grande partie à cause du choix de réalisation (la scène dans l'ancienne cellule est inutile et bien trop "lourde"!..). On a l'impression donc de voir un gentil bisounours bien écouté, bien respecté, qui va gentiment demander aux gentils Sprimbocks de remporte une gentille Coupe du monde pour réconcilier un gentil peuple: ça en devient lassant à force de niaiserie...
-Piennar maintenant. Le niveau se redresse immédiatement!.. Je ne vais pas épiloguer sur les mauvaises images des matchs: un film sur un sport collectif aussi compliqué que le rugby ne pouvait pas donner de scènes sensationnelles sur un plan purement sportif, aussi je n'ai pas été choqué ni même déçu: je voulais voir l'état d'esprit d'une équipe, particulièrement d'un capitaine. Et là je tire mon chapeau! Matt Damon est phénoménal: on sent le type qui motive ses troupes, qui sent bien la pression de l'histoire, qui éprouve pour son président un respect et une iration profondes, ce que ça lui fait de ressentir ça et de le communiquer aux autres en sachant qu'il est lui-même blanc, la rage de vaincre, l'extase de la victoire... Sur ce point-là, Eastwood a mis dans le mille...quoi qu'il ait légèrement arrangé les choses: les Sprimbocks n'ont jamais été une équipe de seconde zone et si leur retour dans le giron international a été un peu difficile ils n'ont jamais été les tocards que le film semble décrire...
-et c'est là que j'enchaîne avec le gros point noir du film: la Coupe du Monde 1995 (qui en délimite le temps et l'enjeu). Que les non-rugbyphiles _ ou les fans inconditionnels des Sprimbocks _ me pardonnent si je suis un peu "lourd" sur ce sujet mais il se trouve que je connais bien cette Coupe du Monde et qu'elle soulevait potentiellement une question bigrement intéressante à exploiter dramatiquement: une noble cause peut-elle tout permettre sur le plan sportif? Autrement dit: peut-on considérer morale...l'une des plus grandes escroqueries sportives de ces trente dernières années?.. Car la victoire de l'Afrique du Sud en 1995 fut un scandale pur et simple sur le plan sportif! en tant que français nous ne nous souvenons que trop bien de cette demi-finale dans l'apocalypse de Durban que l'arbitre, mr Bevan, a d'abord fait jouer alors que le terrain était manifestement injouable (autrement l'Afrique du Sud, en raison des deux cartons rouges reçus contre le Canada, aurait été éliminée), et qu'il a ensuite truquée de façon proprement scandaleuse en accordant un essai fantôme à Kruger, en en refusant ensuite un parfaitement valable à N'Tamack (non! Sella n'avait commis aucun en-avant en volleyant sa balle: la ligne d'en-but est là pour le prouver!), un autre tout à fait accordable à Galthié, un autre très probablement valable à Bennazi, enfin en nous refusant jusqu'au bout l'essai de pénalité que les gros avaient mille fois gagné (on n'a jamais vu le pack sud-africain, sur lequel est basée toute leur tactique, se faire humilier comme cela...). Pire encore: mr Bevan s'est vu remettre un chronomètre en or par le président de la fédération sud-africaine après la rencontre (de façon tout à fait "visible"), a é ses vacances dans le pays...et a bien failli remettre ça quatre ans plus tard contre l'Australie (heureusement Larkham était là et on ne jouait plus à la maison...). Ensuite pour la finale: quel observateur neutre peut imaginer que les All Blacks aient aussi subitement baissé de pied après une compétition ée à tout écraser? comment penser que Lomu, qui avait pulvérisé tous les anglais lors de la demie (et pas seulement le malheureux Tony Underwood: Rodber se souvient encore de son plaquage...) ait pu se faire bloquer, lancé, par le seul Van der Westhuizen? Allons... On sait bien que les All Blacks jouaient fortement diminués: le matin même la moitié de l'équipe avait été empoisonnée (ce qui, au age et après on en aura fini, est é tout près d'échouer: Merthens a eu la balle de match au bout du pied...mais il a raté le drop le plus important de sa vie)! Et l'épidémie de maladie de Charcot qui décime aujourd'hui cette équipe d'Afrique du Sud a de quoi nourrir légitimement deux ou trois soupçons!.. Mais Eastwood a obstinément refusé de montrer cette sombre face de ce succès qui était peut-être la plus intéressante car elle ouvrait aux interprétations et aux questions sur notre vision de la morale: l'honnêteté sportive doit-elle s'effacer durant une compétition au nom d'une cause plus noble? mais dans cas que fait-on des principes fondamentaux de Pierre de Coubertin? Voilà des questions que ce film ne soulève jamais, préférant la gentille vision hollywoodienne des héros sans peur, sans reproches et sans souillures...
Ce qui donne au final une bluette où l'impression qui domine est au mieux "ridicule", au pire "écœurant"... Reste néanmoins le jeu de Matt Damon...
Créée
le 5 mars 2016
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Nelson Mandela est entre la vie et la mort, mais il restera dans nos mémoires : les grands hommes ne meurent jamais. Invictus est un hommage qu’a voulu lui rendre Clint Eastwood en 2010 en évoquant...
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le 29 juin 2013
52 j'aime
Clint Eastwood n'est pas un cinéaste américain qui aime s'adresser au public européen. Preuve en est son dernier film : Invictus. Et comme tout bon américain, Eastwood ne connait rien au rugby...
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le 9 mars 2011
41 j'aime
4
Une fois n'est pas coutume, me voilà avec une légère pointe de déception devant un Eastwood! Déstabilisant... Invictus n'est pas un mauvais film, mais dans la remarquable filmographie du sieur...
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le 22 janv. 2013
25 j'aime
15
Comment mettre une autre note que la maximale pour un tel film?.. Comment ne pas tomber littéralement sous le charme de cette merveille du maître Frank Capra?.. Le film de noël par-excellence, qui a...
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le 5 déc. 2015
12 j'aime
2
Fondu au noir, et un "ré" sonore déchire le silence, ouvrant sur une rue enneigée la nuit, manifestement au carrefour des XVIIIème et XIXème siècles... Telle est l'introduction de ce film et certains...
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le 26 avr. 2016
8 j'aime
1
Oh nom de nom quelle prise de tête!.. Des mois après l'avoir vu je ne comprend toujours pas le fin mot de ce film absolument, totalement, à 100% "lynchéen"... Je sais ce que tout le monde dit et qui...
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le 3 sept. 2016
7 j'aime
3