Gorilla padre

Étendues empoussiérées des champs qui se meurent. C'est là que commence Interstellar, sur l'anticipation de notre avenir, le décors de nos campagnes suffoquant la poussière jaune... La trop atteinte demeure éjecte dans le profond incertain de l'espace notre désir de survie...


Une boite grise et froide. Dans cet âpre vaisseau, notre homme s'éloigne de sa terre natale, bien loin des confortables paquebots de "Solaris" ou "Sunshine", délaissant une certaine idéalisation du voyage spatial pour la solitude que ressent le cosmonaute. Boite remplie de touche et d'hypothèses, de processus compliqués et vitaux, ses occupants privilégiées mais vulnérables, protégés du monstre galactique par quelques centimètres de métal... A bord de ce fragile vaisseau, l'homme plonge dans l’effondrement des masses et des énergies sidérales que couve le silence du vide. Fascinantes disproportions qui pose les questions formellement inventé par notre petitesse... Ce navire paradoxal, l'intermédiaire entre deux monde, dont il faut attendrir toutes les dimensions, y éprouver l'homme... En fera t il un objet de conquête ou alors sa tombe, du vaisseau mécanique, des étoiles atomiques...


Nolan traite toujours les thèmes de l'autodestruction et de la résurrection, de la perdition et de la réconciliation, pour en faire ressortir un 3eme: L'homme paradoxal. Et pour raconter cette complexité de l'homme, il la transpose sur des cartes immenses qui l'alimentent.
Spoil -
L'évolution robotique n'est elle pas l'une des causes de l'extinction du vivant? Ce 4x4 roulant sur les champs de maïs pour rattraper le drone n'est t il pas une image du corps écrasant de la machine? Mais à ce stade, seul la machine peut sauver l'homme des dégâts de la machine. Se sauver de soi même, un concept humain. Mais pourquoi? Pourquoi l'homme doit il se sauver alors qu'il est le plus grand destructeur de la vie? Cooper éjecte son siège au sein du trou noir qui le bois lui et toute son infortune pour lui restituer l'image de sa fille au creux de la chambre des regrets et des réparations. Peut être que l'homme n'a pas le droit d'exister. Peut être qu'il a l'obligation d'exister pour réparer des erreurs. C'est le postulat intéressant d'Interstellar qui pose en même temps Cooper comme symbole de cet abandon altruiste et fasciné et ouvre à l'esprit une nouvelle manière d'exister.
- Fin du Spoil


Quand la fiction s'entiche de phénomènes spectaculaires, l'influence qu'elles ont dans l'histoire, leurs retombées dramatiques, délivrent un potentiel fascinant... Cette tension entre l'angoisse de la mort et l'envie de pénétrer dans ces entités surréalistes qui avalent même le temps...
Le bavardage informatif du film, dont la fonction est la vraisemblance, est parfois regrettable. Qu'à la fin, Cooper attribue aux hommes la création du lieu où il se trouve, choix de scénario narcissique dommageable pour l'imaginaire. L'argument tient d'un certain nihilisme à l'égard de nos limites et compensations humaines, comme s'il n'était plus suffisant de ressentir l'insaisissable mais qu'il fallait nécessairement le maîtriser... Réfléchissant à l'un des thèmes sous entendus du film : la terre ne e plus la mégalomanie de l'homme, je me suis rappelé que Nolan était aussi un humain paradoxal.


Jacqueline Kelen a dit "J’aimerais aller dans le sommeil comme j’avance dans l’amour : avec l’impossibilité d’en revenir, brûlant jusqu’au dernier tous mes vaisseaux chantants." Pour ma part, Interstellar n'était pas une démonstration scientifique miroitant que l'homme pourra tout contrôler un jour, ce n'est pas possible de toute manière, mais bien un conte sur le voyage spatial mettant en exergue notre présence amoureuse et égoïste au milieu de cet indéfinissable espace, du potentiel illimité de celui ci et de notre dépendance à lui. C'est dans cette plus juste conception des équilibres que Nolan dispose toujours des histoires d'amour au milieu de ses films fantasmatiques, comme l'évoque Gwimdor : http://senscritique.accedersite.com/film/Interstellar/critique/25246858


Le film ne fait pas exception au cahier des charge hollywoodien (acteurs célèbres, thème de la famille et pathos hyper présent etc...) J'aurais trouvé la découverte spatiale plus crédible si nous n'étions pas tombé sur Matt Damon à l'autre bout de la galaxie, par exemple. Caprice de casting d'autant plus vulgaire que son nom n'est même pas sur l'affiche et donne l'impression d'être une "surprise" pas vraiment délicate.


Mais je resterais sur le fait qu'Interstellar et Hans Zimmer ont littéralement transcendé ma séance. Le vaste rythme distillé de leurs différentes ambiances associé à l'un de mes thèmes favoris, l'espace, m'a progressivement déclouer de mon siège quotidien pour me transposer dans l’œuf luminescent de "2001 l'odyssée de l'espace", film qui aurait insuffler celui ci à Nolan. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé les robots dont on peut doser la discrétion, la franchise... et qui sont pour moi le progrès instrumental que symbolise le bloc mystérieux dans 2001, traité avec beaucoup d'humour.

6
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le 8 nov. 2014

Modifiée

le 9 nov. 2014

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Faraway-screen

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