La guerre en Ukraine a été peu explorée au cinéma, même si Sergueï Loznitsa dénonçait, avec beaucoup de préscience et d’ironie, dans « Donbass » (2018), la mainmise russe dans l’est de l’Ukraine. La réalisatrice a fait le choix, judicieux, non pas de filmer la guerre (il y a suffisamment de reportages télévisés) mais ses conséquences sur les civils, sans aucune image guerrière, l’action se déroulant uniquement dans un appartement où se cache un couple très amoureux d’intellectuels, Olya (artiste) et Taras (dont le père est originaire de Rostov-sur-le-Don en Russie), psychothérapeute, et qui n’a pas fui à l’arrivée des militaires russes. Un huis-clos oppressant, où tout est vu par leurs yeux, avec une bande son des événements extérieurs à l’appartement qui renforce la tension psychologique. Un quotidien difficile (coupure de courant, d’internet et du téléphone mobile, provision d’eau, obligation de silence). Cela rappelle « Une famille syrienne » (2017) de Philippe Van Leeuw.