Dans l'espace, personne ne vous entend crier.
Il est enfin arrivé ce Gravity d'Alfonso Cuaron (le mec qui m'a réconcilié avec Harry Potter le temps d'un film, qui m'a claqué la tronche avec le plan séquence des Fils de l'Homme, bref pas un tocard) qui annonçait une réelle expérience cinématographique. On ne pourra pas dire le contraire, voir Gravity, c'est quelque chose.
Visuellement ça en jette, et ça, on ne pourra pas l'enlever. Le film démarre sur un superbe plan séquence où l'on doit oublier tous les points d'attache de l'oeil humain quand il regarde quelque chose. Pas la peine de chercher un check point dans le décor, il n'y en a pas. La caméra est elle-même dans la même mouvance que les personnages. Il est vrai que certains peuvent avoir la gerbe, surtout que la 3D est très présente. Je pense même qu'elle est indispensable pour apprécier au mieux ce métrage.
Beaucoup de critiques crachent sur le scénario sois-disant inexistant, mais finalement, faut-il vraiment une histoire pour vivre ce film ? Je pense sincèrement que non. Gravity, c'est l'histoire d'un malheureux accident dont le danger mortel est imminent et le personnage principal, Dr Stone (interprété sobrement mais plutôt efficacement par Sandra Bullock que je connais trop peu pour avoir un avis) cherche à survivre malgré sa dépression terrienne. Je trouve pas que ce soit de trop, cela donne une certaine consistance à cette femme. je regrette seulement quelques erreurs et facilités de scènes qui ne collent pas tant au voyage dans l'espace, un exercice extrêmement fatiguant pour les astronautes. Le point de réussite totale dans ce film est la pression qu'il nous donne. Je me suis senti dedans, le souffle court et comme Stone, le besoin de chercher quelque chose à m'accrocher, trouver une solution. On se sent vraiment mal parfois. D'où ce que j'appelle une réussite. J'ajoute un bémol par rapport à la musique. La BO est vraiment bonne, par contre j'aurais aimé qu'il n'y ai quasiment aucun son comme annoncé en introduction du film ("dans l'espace, il n'y a pas de son"). Cuaron voulait justement respecter cette idée, mais il n'a pu aller jusqu'au bout. Dommage.
Un film se doit d'être original, d'emmener le spectateur, de le malmener parfois quand cela est nécessaire. Gravity l'a fait pour moi. Une œuvre graphique et prenante, et une leçon de réalisation d'Alfonso Cuaron.