Ghost In the Shell de Rupert Sanders

Comme toute personne ayant GITS en film de chevet, je redoutais que cette adaptation américaine ne soit qu’une coquille vide de plus. Sans parler du casting et de la polémique qu’il suscite sur lesquels je vais revenir.


Cette version est déconcertante pour ceux qui connaissent les films de Mamoru Oshii et les séries tirées de cet univers cyberpunk. Au niveau du scénario, il essaie de rendre hommage au premier du GITS en reproduisant à l’identique certaines scènes


(le saut de l’ange d’un immeuble, combat dans quelques centimètres d’eau, la discussion sur le bateau)


ou plans


(Celui en contre plongée pour apercevoir le ciel et un avion au delà des immeubles, celui des doigts cybernétiques tapant sur un ordinateur portable).


Il y a un même un clin d’œil à GITS : Innocence


( les robots geishas, le médecin analysant le corps d’une victime pendant que les officiers de la Section 9 l’interroge).


Ainsi, l’histoire est un mix des films et des séries.


pour proposer une histoire censée se dérouler avant le premier GIST (cf le plan final.).


Toutes les réflexions philosophiques ou citations sur la technologie, le devenir de l’humanité, le transhumanisme, ce qui est réel et non, l'âme d'un individu qui constituaient le noyau dur de l’histoire de Masamune Shirow ont tout simplement été supprimées comme un bug rédhibitoire pour le public américain. Il ne reste plus que le thème de l’identité abordé, de manière superficielle, à travers l’enquête du Major pour savoir ce qui ne va pas chez elle.


Même si l’ensemble est cohérent, on est loin de la puissance de GITS 95. C’est un peu comme si le réalisateur rendait honneur à ce qui a été proposé jusqu’ici avec la Section 9, tout en détruisant la cohérence temporelle de la saga existante.


Au niveau des décors et des effets spéciaux, le travail est plutôt bien fait. Parfois, j'avais l'impression que cela permettait simplement de remplir une scène pour que l’on ne s’ennuie pas. Cela donne une impression étrange sur l’utilité de ce long métrage, même si le divertissement proposé est honnête pour celui qui n’y connaît rien.


La polémique relative au casting permet de faire un buzz négatif et inutile sur le film. Ce dernier n’est déjà pas aidé par la réputation de son réalisateur : Godzilla de Gareth Edwards, autre adaptation d’une œuvre majeure du cinéma japonais. Heureusement, Michael Pitt donne une consistance non négligeable à ce GITS se reposant essentiellement sur le personnage de Scarlett. Le marketing du long métrage est véritablement centré sur l'actrice et ses formes avantageuses (cf, l'affiche par exemple). Malgré le peu de présence qu'il a à l’écran, son charisme est plus visible que celui de l’héroïne. Sans oublier, les autres acteurs dont la plupart sont asiatiques. Je pense que le white bashing résulte du fait que beaucoup considèrent GITS culte et qu’il fait partie intégrante de la culture populaire japonaise.


Or, je trouve ce procédé un peu facile parce que j’ai en tête un autre film asiatique IA a été un grand succès public et critique, suivi de 2 suites. C’est vrai qu’un film de Scorsese est plus respecté qu’un autre réalisateur, même lorsqu’il réalise un remake d'un long Hong-Kongais. Je sens que je vais m'attirer les foudres des fans du réalisateur de Taxi Driver. En fait, tout dépend de comment on va appréhender le film ou de ce que l’on en attend. Et surtout, le spectateur est encore libre de le boycotter ou non, selon sa propre sensibilité.


Le résultat est correct mais il va inciter les spectateurs à découvrir les deux films plus profonds d’Oshii et surtout le manga qui a donné naissance à cet univers.


PS : Je remercie la sortie du film permettant la réédition du manga original de Masamune Shirow

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le 8 avr. 2017

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Hawk

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