Le film reprend le thème du mariage arrangé qu'Ozu avait abordé deux ans plus tôt dans "Fleurs d'équinoxe". A ceci près qu'il ne s'agit plus de parents soucieux de trouver un mari bien comme il faut à leurs filles mais de trois amis qui se mêlent de vouloir remarier une jeune veuve, de qui ils étaient tous trois amoureux jadis, et de marier sa fille également.
C'est le modèle patriarcal qu'égratigne ici Ozu, à travers trois quinquagénaires qui, dans une belle séquence de comédie seront remis à leur place par une jeune fille leur reprochant leurs manoeuvres. Car le film est une comédie, même si on y sent parfois l'amertume de son auteur.
On retrouve dans "Fin d'automne" les fidèles comédiens du cinéaste, son compositeur attitré car la musique est omniprésente; on retrouve aussi les plans fixes splendides, géométriques et rectilignes, qui sont chacun une composition élaborée et auxquels la couleur donne une beauté supplémentaire. On est en pays de connaissance (notamment par la grande familiarité avec "Fleurs d'équinoxe") que ce soit sur un plan formel ou dans le contenu, essentiellement des scènes d'intérieur, avec détours fréquents vers un débit de boisson (péché mignon d'Ozu)! Et on ne compte plus les plans où le cinéaste pose dans le décor, comme un fétichisme, des bouteilles de bière ou des canettes de soda.
L'ironie subtile d'Ozu, par rapport à ses personnages masculins qui sont sa génération, est la forme d'humour qui caractérise le film, car sa réalisation, toujours sur le même tempo, ne vise pas à la farce ou au vaudeville "à l'occidental" tel que le sujet pourrait l'y porter. La simplicité du récit permet en outre de s'immerger complètement dans la culture japonaise de l'après-guerre, et cela fait pleinement partie de l'intérêt que revêt le cinéma d'Ozu.