En tongs au pied de l'Himalaya est un très beau moment d'empathie envers les parents-courage qui élèvent (souvent seuls : merci au film d'être un brin plus réjouissant que la réalité bien triste, en laissant le papa dans le schéma familial) leur enfant atteint d'autisme, luttant contre un système scolaire totalement inadapté (sauf établissements spécialisés, mais pas toujours proches géographiquement), une société qui n'arrive toujours pas à vivre ni communiquer avec ces personnes "dans leur monde", et une constante agression des sens fragiles des autistes (bruits de la rue, sirène, stimuli visuels flashy) qui fait peine à voir (on se met à la place du concerné). Dans le rôle du petit garçon, Eden Lopes est parfait, faisant même douter de sa réelle affliction (il n'en est rien : il est juste vraiment doué), et bien entendu Audrey Lamy rafle tout le reste, à savoir une empathie démesurée du spectateur qui se projette à la place de cette mère-courage : que ferait-on, à sa place ? Abandonnerait-on, partirait-on, tomberait-on dans la négligence de l'enfant ?... Cette dame n'avait pourtant rien d'une battante, et l'handicap de son fils lui est tombé sur le coin du nez, sans crier gare, et elle de devenir une héroïne du quotidien, qui fait des erreurs, craque parfois, se sent débordée par la situation et a des pensées (normales) égoïstes sur la vie qu'elle aurait pu avoir sans lui, mais un regard sur son enfant, et tous ses doutes sont éclipsés, là voilà qui fait tout son possible pour que l'handicap n'en soit plus un. Beaucoup (beaucoup beaucoup) d'empathie dans ce film qui ne cache pas la détresse des parents et de l'enfant dans cette situation, ce qui donne encore plus d'éclat aux moments où tout va bien (le
"redoublement" joyeux
nous a fait bien rire). Cela fait chaud au cœur de tomber sur des films qui évitent la niaiserie et les bons sentiments sur des sujets pareils, rendant vraiment hommage aux combats qui se jouent dans la vraie vie. On donnerait tout pour que ce monde aident ces familles mieux que cela, arrêtent de leur filer une paire de tongs pour gravir l'Himalaya, et si la recherche médicale le permet un jour, se mette à leur filer carrément une bonne paire de Rangers pour gravir une taupinière.