Élémentaire
6.4
Élémentaire

Long-métrage d'animation de Peter Sohn (2023)

Feu Pixar

Mon amour de l'animation me fait regretter le manque d'imagination et d'âme qui gangrène chaque année davantage ce cinéma. Cependant, en voyant les premières minutes de ce machin, où l'on pouvait deviner l'allégorie raciale et l'histoire d'amour contrariée à des kilomètres, je me suis demandé si c'était moi...Ai-je seulement vieilli et mes souvenirs d'enfance sont-ils nimbés d'un halo d'innocence qui m'empêchait de me rendre compte que je regardais de la merde? J'ai vite repris mes esprits en me souvenant de l'introduction de là-haut, plus touchante que tous les derniers Pixar mis bout à bout, de la poésie muette d'un wall-e, ou pour aller chercher dans d'autres studios la profondeur et la beauté de Miyazaki ou du stop-motion de Laïka. Rien ne va.

ons sur la direction artistique qui me déplait, mais où il y a quelques bonnes idées (l'eau qui fait loupe...). La musique est de la pop à chier mais ça fait longtemps qu'on est abonnés à des bandes-son au mètre qui se ressemblent toutes. L'intrigue est rachitique et d'un classicisme navrant, Roméo et Juliette en éléments anthropomorphes? J'avais déjà trouvé vice versa plutôt décevant et je comprenais pas qu'ils continuent à dérouler ce filon, mais en comparaison c'était un chef d’œuvre. On y ajoute un éculé "il faut suivre ses rêves" mais "la famille c'est important", et on a le scénar de 95% des productions d'animation qui sortent depuis dix ans.

Je vais mettre les pieds dans le plat et aborder la métaphore d'une subtilité éléphantesque du film où une famille asiatique industrieuse première génération voit la fille naturalisée tomber amoureuse d'un babtou aisé. Il est évident qu'ils se sont sentis investis d'un devoir glorieux de pamphlet anti-raciste, toutefois chaque "ethnélément" se voit cantonnée à une poignée de clichés, le feu qui mange très épicé dans sa petite boutique où il travaille dur pour vivre le elemental dream, tradi mais au grand cœur, malgré la maman surprotectrice grassouillette et superstitieuse. Les aquablancs riches avec un peu plus de nuances et des gentilles familles libérales. Les pauvres latinarbres poilus que je m'attendais voir engloutir des tacos à l’humus font tapisserie. Ils s'en sortent malgré tout mieux que les afromulonimbus qui... jouent au basket et sont bruyants 😬 Ou les non-binaires qui font une apparition éclair pour cocher le cahier des charges du progressisme éclairé [dont on notera qu'ils se sont emmerdés à trouver un terme neutre pour frère en allant fouiller dans le grec alors qu'ils ont eu la flemme de traduire la plupart des termes flamboyants comme firetown ou ash-pa].

Les personnages sont à l'aune du naufrage, bien sûr la flamme est forte, intelligente et créative (doublée par Adèle Exarchopoulos que je n'ai vue que dans des rôles de débile patentée ces derniers temps, ça ne déparait pas avec l'ambiance) et son petit copain tarte et pleurnichard pour lequel elle aurait mieux fait de suivre l'exemple de Barbie et le laisser mariner à la plage. L'histoire est construite au gré des besoins sans s'encombrer d'une quelconque réflexion, la rencontre des héros se fait par un contrôle d'installations défectueuses devant mener à fermer le Dragon Impérial ou autre nom fleuri de la boutique. Sauf que ladite plomberie n'étant pas censée être alimentée en eau, j'ai du mal à saisir pourquoi elle devrait être aux normes. Cela dit, vues les aberrations de certaines istrations ça parait presque crédible et ça aurait le mérite d'apporter un peu d'humour dans cette lourdeur abyssale de jeux de mots flambant à plat. Les lois de la physique dépendent du fameux système du TGCM (pour les non-initiés "ta gueule c'est magique), et les héros interagissent différemment avec leur environnement selon l'effet dramatique désiré. Enfin je tiens à vous rassurer tout de même, est-ce que l'amour de flaque et flamme met fin aux injustices de classe?

Oui! Grâce au miracle de la gentrification ♡!

2
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes animés

Créée

le 21 août 2023

Critique lue 166 fois

4 j'aime

Diothyme

Écrit par

Critique lue 166 fois

4

D'autres avis sur Élémentaire

Earth, Wind & Fire

Pixar n'avait plus parlé d'amour dans ses films depuis Wall●E. Soit depuis une éternité. A l'époque, c'était tendre et touchant, cela faisait plein de bruits mignons et le final émouvant aurait...

le 18 juin 2023

70 j'aime

5

La première rom com (conceptuelle) de Pixar !

La sortie de chaque nouveau film des Studios Pixar est accompagnée, quasiment depuis le début de leur domination sur l’animation mondiale (même si les fans de la Japanime, et ils sont nombreux, vont...

le 28 juin 2023

18 j'aime

2

Simple comme bonjour

Malgré les dernières créations du studios qui n'ont pas toujours su briller, parfois allant dans de l’indécent vis-à-vis de leurs anciennes licences, Pixar a toujours eu le don de me faire voyager et...

Par

le 18 juin 2023

13 j'aime

Du même critique

Critique de Demande à la poussière par Diothyme

Arturo Bandini est jeune écrivain en devenir de 20 ans, tout récemment émigré à Los Angeles pour faire carrière. Il vivote grâce à une nouvelle parue dans un magazine : Le Petit Chien Qui Riait, dont...

Par

le 21 févr. 2011

57 j'aime

16

Frag[île]ment

Je ne sais si j'ai aimé ou détesté Pessoa. Je reprends donc le clavier pour essayer d'y voir un peu plus clair. Je n'ai rien à lui reprocher, ni sur le fond, ni sur la forme. C'est un écrivain de...

Par

le 30 déc. 2015

49 j'aime

19

Allez reviens gamin...

Enfin ma malédiction avec ce film est rompue, j'avais essayé de le voir, deux ou trois fois mais à chaque fois j'ai dû arrêter au milieu contre mon gré, pourtant il me plaisait bien. Je comprends...

Par

le 3 juin 2011

43 j'aime

22