Dersou Ouzala, c'est d'abord la renaissance du Phoenix Kurosawa qui après l'échec cuisant de Dodes'kaden a tenté de se suicider, fort heureusement, ce fut un échec.
Il nous revient 5 ans après avec l’adaptation d'un roman de Vladimir Arseniev qui ne le contextualisera pas pour une fois, ce que je trouve fort judicieux, c'est donc le premier film du Maître qui n'aura pas le Japonais comme langue originale.
Dersou Ouzala, c'est un film à part, qu'il faut savourer durant ces deux heures qui semblent si fulgurantes.
C'est la rencontre improbable entre un Robinson Crusoé de la Taiga et un topographe Russe. C'est la nature dans toute sa splendeur et tous ses extrêmes comme Kuro aime tant la filmer.
C'est la découverte d'un petit bonhomme mystérieux et naïf qui se révèle être un redoutable chasseur, génie de la survie, ce sont des discussions près d'un feux de camp dans lesquelles toutes les confessions les plus intimes sont possibles. C'est une photographie absolument somptueuse enveloppée dans une image dégueulasse, ce sont des scènes de retrouvailles si touchantes qu'on a l'impression de retrouver enfin notre compagnon de route perdu depuis des jours. C'est une sincérité palpable dans chaque plans, dans la mise en scène, la direction des acteurs ou le montage.
C'est une narration mélancolique, pleine de douceur au travers du récit raconté par notre topographe Russe.
Mais c'est surtout l'une des plus belles amitiés vues au cinéma, celle de deux hommes que tout oppose, qui apprennent à se découvrir, à survivre ensemble dans un respect mutuel assez fascinant, une amitié qui donne l'impression de grandir sous nos yeux naturellement et sonne tellement vraie que chaque dialogue partagé, chaque regard ou silence restera mémorable.
Dersou Ouzala c'est une magnifique œuvre poétique et onirique signé par Kurosawa qui nous fait voyager dans la Taiga, le vrai protagoniste principal du film, qui n'a aucunement besoin d' d'artifices pour narrer son récit inoubliable, du grand art !