Sorti en 1982, Dar l’Invincible (The Beastmaster) de Don Coscarelli s’inscrit dans la lignée des films d’heroic fantasy des années 80, aux côtés de Conan le Barbare ou Krull. Porté par Marc Singer dans le rôle-titre, ce film d’aventure propose un voyage initiatique où magie, vengeance et communion avec la nature s’entremêlent dans un univers à la fois brutal et fascinant.
Le film repose sur un schéma narratif simple mais efficace : Dar, héritier d’un royaume qu’il ignore, est enlevé à la naissance par une sorcière aux ordres du maléfique Maax (Rip Torn), un tyran qui craint une prophétie annonçant sa chute. Sauvé in extremis et élevé dans un paisible village, Dar découvre progressivement son don unique : il peut communiquer avec les animaux par télépathie. Mais son destin bascule lorsque son village est détruit par les troupes de Maax. Devenu le dernier survivant, il se lance dans une quête vengeresse qui le mènera à forger des alliances inattendues.
Si l’histoire suit des codes bien établis du genre, Dar l’Invincible se distingue par son attachement au lien homme-nature. Les compagnons animaux de Dar – deux furets malicieux, un majestueux aigle et une panthère – ne sont pas de simples mascottes, mais de véritables partenaires de combat, jouant un rôle clé dans l’aventure. Cet élément donne une originalité certaine au film et renforce son côté mythologique.
Marc Singer incarne un héros charismatique, aussi agile qu’attachant, même si son jeu reste parfois limité. Son physique sculpté et sa prestance martiale en font néanmoins un protagoniste convaincant. Tanya Roberts, en princesse captive, offre une présence séduisante mais un rôle malheureusement peu développé, cantonné aux clichés de l’époque. Rip Torn, quant à lui, cabotine avec délice en grand méchant, conférant à Maax une aura inquiétante avec son regard perçant et son sourire carnassier.
Visuellement, le film bénéficie d’un tournage en extérieurs naturels, qui accentuent son atmosphère de conte épique. Si les effets spéciaux et les costumes ont pris un coup de vieux, ils conservent un charme rétro indéniable. Les scènes d’action, bien que parfois rudimentaires, sont rythmées et portées par une mise en scène dynamique.
Dar l’Invincible n’échappe pas aux faiblesses typiques des productions de son époque : dialogues un peu naïfs, quelques longueurs et un budget modeste qui se ressent dans certains décors et effets visuels. Pourtant, il a su marquer les esprits grâce à son ambiance unique, son ton sincère et son attachement à l’aventure pure.
Avec le temps, le film a acquis un statut culte, notamment grâce à ses diffusions télévisées répétées et son impact sur la pop culture. Il a donné naissance à plusieurs suites et à une série télévisée dans les années 90, preuve que son univers continue de fasciner les amateurs de fantasy old-school.
Si Dar l’Invincible n’a pas la noirceur et l’ampleur de Conan le Barbare, il possède une identité propre et un charme indéniable. Son mélange d’aventure, de magie et de bestiaire fantastique en fait une œuvre attachante, à savourer avec un regard indulgent et une nostalgie bienveillante pour cette époque où les films de fantasy avaient un parfum d’évasion brute et sincère.