Bien avant d'aller jeter l'anneau dans le Mordor, Peter Jackson réalisa ce film à la fois onirique et malsain. Un film qui révéla la jeune Kate Winslet (dur de se dire que ce film n'a que deux ans de différence avec Titanic au age).
Si l'histoire commence de manière somme tout très classique, il n'en perdure rien : l'amitié des jeunes filles prend le pas sur tout, que ce soit la famille, l'école, la réalité. Leur amitié sublimé dans ces paysages néo-zelandais (décidement, Jackson a tout du parfait guide touristique) va devenir quelque chose de poignant, de fort, d'immuable. Cette progression va atteindre un point culminant lorsque les deux jeunes filles vont alors entretenir une sorte de relation homosexuelle qui reste toujours sur le suggeré : leur amour, si fort, devient ionnel et seul l'homosexualité dans des familles très traditionnelles pouvait le montrer.
Mais la rupture s'opère lorsque la réalité est brisée : leur amour/amitié est absolue et seule leur imagination parvient à les libérer d'une réalité qui ne les accepte que trop peu : entre parents incompréhensifs et absents, entre une école qui bride la liberté d'expression, seul le recours au monde imaginaire est possible : en découle alors des scènes merveilleuses lorsque les jeunes filles rentrent dans le 4ème monde ou lors des interventions des personnages en pâte venus les secourir d'un monde qui les enferme.
Cette folie qui atteint de plus en plus les jeunes filles est magnifiquement représentée à l'écran par des jeux de lumière et des surexpositions flagrantes dès le début du film qui montre quelque chose de peu naturelle dans cette relation. La mise en scène de Jackson est d'ailleurs à l'image de son film : derangée. Ses gros travellings, ses gros plans, tout est là pour briser le rêve, comme la clé de voûte du film, ramenant les jeunes filles au caractère difficile de la vie.
Les actrices dont c'est leurs premiers rôles parviennent à humaniser parfaitement ces personnages au caractère si rêveur.
Bref, en somme, un film à la plastique parfaite, superbement interpreté qui parvient à rendre magnifique un fait divers si sanglant.