Cosmopolis par Pod607

Dire que je pourrais, pour ma première critique ici, faire comme tout le monde, prendre un bon vieux navet et me défouler dessus, c'est facile, ça échauffe la plume et ça mange pas de pain. Mais le sort en a voulu autrement, et je me retrouve à tenter de défendre l'indéfendable Cosmopolis.

Alors oui, je sais que je suis sur le point de tenir des propos à la limite de l'inacceptable, je vais choquer la populace qui ne se doute pas encore de l'existence même d'une telle assertion, je vais faire er Éric Zemmour pour un démago et Brice Hortefeux pour un mec tolérant, tant ce que je vais dire va à l'encontre des principes moraux profondément ancrés dans l'esprit des pauvres gens.

NON, je ne me suis pas ennuyé devant Cosmopolis.

Voilà, c'est dit, je l'assume totalement, même si je vois déjà la huée des gens qui m'assurent qu'il est chiant à mourir, et les premières tomates décoller depuis le premier rang.

Bah oui les enfants, c'est DeLillo, c'est du nouveau roman américain, fallait pas vous attendre à la suite d'Avengers. C'est du nouveau roman américain, c'est la fatalité crasse qui vous attend au détour d'un rail de coke dénaturé faute d'en avoir trop pris. Et ça se savoure, ça, jeunes gens, ça se savoure autour d'un film au rythme lent mais tenu, et qui n'a pas besoin de plus que sa voiture, sa demi-douzaine de lieux et sa poignée d'acteurs.

Caméra, action.

Robert Pattinson. Car c'était lui. On l'a connu en premier des derniers de la classe dans Harry Potter, en vampire moche dans Twilight, en rien du tout dans l'inégal Me, puis finalement il nous rappelle qu'il est acteur en trouvant enfin un rôle qui lui va. Le nouveau roman américain, il colle au genre. Jeune, beau, riche, défoncé par la vie, on l'imagine bien en Bateman, ou en version blanche d'un héros de Percival Everett. Ou en Packer dans Cosmopolis.

Eric Packer est jeune, beau, multimilliardaire, seulement voilà, sa fortune est en train de se désagréger suite à un mauvais placement en bourse. Il sait que son empire ne finira pas la journée, et que lui-même ne la finira probablement pas non plus. Dans ces moments-là, il ne reste plus à l'homme que sa coupe de cheveux, et le voici lancé dans la quête absurde (L'est-elle vraiment?) d'une visite chez son coiffeur à l'autre bout de la ville, pendant qu'au-dehors, la tempête se prépare. Le Président est en visite, un rappeur est mort, la clameur gronde.

Et ainsi démarre la valse lente des protagonistes au chevet de Packer, entre Juliette Binoche en amante et Mathieu Amalric en entarteur fou, jusqu'à un Paul Giamatti aux commandes d'un personnage à demi-mort, comme si la main qui vous étrangle cessait d'exister une fois son œuvre commis. On l'attendait, et pourtant il nous surprend.
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le 2 juin 2012

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