Conclave
6.8
Conclave

Film de Edward Berger (2024)

And the Pope rest in Vatican

Le Pape François venant de mourir, et le film Conclave me faisant de l'œil depuis un moment, je me suis dit, comme beaucoup de monde, que c'était le moment parfait pour entamer son visionnage.


Conclave étant le deuxième film d'Edward Berger que je vois, après À l'Ouest rien de nouveau, j'ai justement trouvé, tout comme pour ce dernier, que le couple photographie et décors était tout aussi bien traité. Ça ne fait pas fake d'un côté, la froideur de certaines images renforce le côté « carcéral » de l'autre : tout cela donnant une ambiance irréprochable. À cela, il faut ajouter le casting impeccable, mention spéciale à Isabella Rossellini, que les fans de David Lynch connaissent bien, et qui arrivent à monopoliser la caméra davantage que ses collègues masculins, pourtant eux aussi très bons.



Conclave a été critiqué pour son manque de subtilité et, autant je suis d'accord avec cette critique, autant à la vue de certains commentaires, j'ai l'impression qu'il l'a trop été pour d'autres. En fait, c'est même plutôt amusant de constater que le film a été qualifié de « woke » par certains… Certes, dans un premier temps, le long-métrage nous indique clairement qui sont les « gentils » et les « méchants », plaçant les progressistes d'un côté, et les conservateurs de l'autre, avec la présence de croix en or ou en argent en fonction du type de personnage. Néanmoins, il ne fait que nous répéter et nous montrer que les cardinaux sont des humains avant tout, qu'ils commettent des erreurs et que tous veulent le pouvoir au fond, ce qui n'est pas sans rappeler des politiciens. En cela, il est intéressant de noter que l'échec du cardinal Thomas Lawrence (Ralph Fiennes) à se faire élire coïncide avec le fait qu'il mette pour la première fois son bulletin dans l'urne : c'est la quête du pouvoir qui le fait échouer et non une manipulation de l'un de ses adversaires à son encontre.

À la limite, quitte à évoquer les vrais défauts, je trouve le dernier discours du cardinal Vincent Benitez (Carlos Diehz), avant de devenir Pape, plutôt faiblard, gentillet, bien qu'ils se concluent sur une vérité religieuse (comprenez par là qu'elle ne concerne pas que le catholicisme) que beaucoup tendent à oublier : « L'Église est ce que nous ferons ensuite ». C'est d'autant plus dommage que la scène est bien amenée métaphoriquement parlant : une brèche s'ouvrant littéralement dans l'Église, la reconnectant avec le monde extérieur, ce qui permet, par corolaire, l'élection du nouveau pape.

À noter que le message de fin fait que le film se révèle encore moins être un film « woke » que tels certains l'avancent, nous poussant à nous accepter tel que nous sommes. Avis aux derniers des droitardés du fond, si la phrase « Il me semblait pire de prétendre changer l'œuvre de Dieu que de laisser mon corps tel qu'il l'était » vous fait péter un câble, c'est probablement parce que c'est vous le problème, pas le message du film.



Conclave se révèle finalement être un film plutôt classique, davantage un thriller politique qu'un film sur la religion en fin de compte : bien qu'il se rapproche de la réalité par moment, thriller oblige, il n'a aucunement vocation à être réaliste. Loin d'être le meilleur film de l'année, la faute à une écriture qui n'est pas des plus subtiles (espérons juste que ça ne devienne pas une marotte du cinéma d'Edward Berger), ça reste un film captivant et qui n'a jamais fait autant écho à la réalité, encore plus quand on note les nombreux détails qui font le lien entre le Pape du film et François.

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le 28 avr. 2025

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MacCAM

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