Je dois vous avouer que je suis ce qu'on appelle d'un néologisme que je n'aime pas, mais à défaut d'un autre terme, un technophobe. En réalité je n'ai pas peur des nouvelles technologies mais des conséquences sur tous les aspects de notre société de leurs utilisations.
Ainsi quand le synopsis d'un film a pour base l'histoire d'un type dont les agissements sur la toile mondiale provoquent l'ire de ses "victimes", un sentiment mêlé d'excitation à voir le bonhomme subir les pires violences et de crainte à voir un récit très (trop) centré sur la réalité virtuelle.
Kiyoshi Kurosawa déjoue en réalité les deux aspects en proposant un thriller d'une indéniable maîtrise en ayant la politesse de restreindre l'usage des ordinateurs et autres outils technologiques à la portion congrue, à ne s'en servir qu'avec parcimonie pour aider l'avancée du récit.
Ryôsuke Yoshii a pour sources de revenus une activité consistant à créer de la demande sur le marché en achetant à bas prix des stocks de produits pour ensuite faire grimper les prix et remettre en vente les dits produits à des tarifs exorbitants. Son activité finit par attiser la haine de ses contempteurs qui s'organisent pour l'identifier et lui faire er le pire moment de sa vie.
Dans un premier mouvement dont la tension croît doucement, mais dont la mise en scène précise et posée souligne l'inéluctable tout en laissant penser au spectateur qu'il faut porter son attention sur des pistes qui s'avéreront toutes autres, le film installe une attente fébrile sur un dénouement forcément cruel, qui adviendra dans une dernière partie.
Dernière partie qui retourne les éléments du thriller néo noir jusque là en germes pour nous plonger dans une chasse à l'homme radicale, violente, cathartique où les masques tombent.