Remarquable film que celui de Antoine Russbach dont c’est le premier long métrage.
♥ La thèse est simple et énoncée rapidement : il y a Ceux qui travaillent ... et les autres.
Choisis bien ton camp, camarade.
Evidemment, tout le monde veut être comme tout le monde, avec ceux qui travaillent, normal. Sauvons les apparences.
Et donc voici Olivier Gourmet, toujours aussi parfait, dans un rôle et un costard quasi sur mesure, un gars qui travaille, et qui travaille dur.
Douche froide tous les matins à 5h45, premier arrivé pour saluer les femmes de ménage, dernier parti le soir, ... tiens, ça me rappelle quelqu’un, ça vous rappelle forcément quelqu’un.
On bosse dur, quitte à sacrifier sa vie de famille. En fait non, c’est plus subtil que ça : quitte à jouer un rôle bien défini dans la vie de sa famille, vous verrez.
Malheureusement, ça se gâte quand du jour au lendemain, on est viré et qu’on ne fait plus partie des happy few qui travaillent ...
Le film d’Antoine Russbach ne va pas suivre une longue déchéance d’Olivier Gourmet qui pourrait finir chômeur puis SDF, sa thèse est plus subtile que cela, on vous la laisse découvrir.
Même si l’on est ici chez les ‘riches’ (cadre sup, villa cossue avec piscine et en Suisse !) son film fait beaucoup penser à celui de Ken Loach vu il y a quelques jours justement : que ce soit chez les ‘pauvres’ de Newcastle ou chez les ‘riches’ de Genève, il ne fait pas bon sortir du rang, ne serait-ce qu’un instant, l’impitoyable machine à broyer vous guette. Olivier Gourmet y laissera quelques morceaux de lui-même.
Autre parallèle curieux, les deux histoires tournent autour de la logistique : Olivier Gourmet déplace des porte-containers sur des milliers de milles, Ken Loach acheminait les colis sur les derniers kilomètres.
Cette logistique est au cœur des deux films (et de nombreux débats en ce moment) qui nous amène nos côtelettes d’agneau de Nouvelle-Zélande, nos baskets du Cambodge, nos smartphones d’Inde, notre poisson du Pacifique, ...
Même si les styles sont bien différents, tout comme le film de Ken Loach, celui de Russbach est amer et pas facile à encaisser.
Le spectateur assommé ne peut que reprendre en chœur le mot d’ordre de Pavel, le capitaine du cargo Cervantès : God bless capitalism !