Une véritable expérience de pur cinéma, éventuelle béance ouverte sur un magma informe duquel chaque parcelle de matière brille d'une insolente et étincelante beauté. Cet amas de cratères imbriqués les uns dans les autres, turgescent et obsédant, clignote au rythme métronomique d'un incessant stroboscope et d'une bande-son éraillée, électrisante, composée par l'underground John Zorn. Ken Jacobs perpétue son happening expérimental sous la forme de quatre ou cinq tableaux hétérogènes, poussant notre résistance rétinienne dans ses derniers retranchements. Celestial Subway Lines / Salvaging Noise nous plonge dans un abîme composé de plusieurs couches superposées, surimprimées, faisant écho les unes avec les autres tout en tournant sur elles-mêmes. La performance est à fois sidérante, exténuante et inoubliable !
Il reste la sensation d'avoir vu quelque chose de très fort, de s'être perdu dans une sonorité constante accompagnant un maelström changeant en permanence de forme et d'orientation spatiale. Ken Jacobs et John Zorn rincent littéralement notre cerveau résolument réduit à quia, développant une formidable oeuvre d'Art s'éprouvant plus qu'autre chose. Un chef d'oeuvre !