Récompensée à La Semaine de la Critique lors du Festival de Cannes 2024, Constance Tsang aborde le deuil à travers un dispositif formel drastique dans son premier long métrage Blue Sun Palace.
Parler de deuil au cinéma est toujours ardu, tant il faut trouver le juste équilibre dans l’émotion pour ne pas basculer dans le tire-larme, à l’instar de Demolition ou de A Ghost Story. Constance Tsang évite le surplus de mélo grâce à une économie de moyens formelle. C’est par cette simplicité dans sa mise en scène qu’elle déploie les thèmes et l’émotion non forcée dans Blue Sun Palace.
Un deuil, cinq phases, deux plans
La particularité de Blue Sun Palace réside avant tout dans son découpage : Tsang décide d’utiliser globalement deux types de plans. D’un côté des plans serrés, à la caméra épaule et en longue focale qui permettent de rentrer dans l’intimité des personnages De l’autre, des plans fixes, très composés, souvent ornés de surcadrage, qui mettent de la distance et laissent vivre l’action. La réalisatrice alterne ainsi entre les deux types de plans avec maestria et garde toujours la bonne distance avec ses personnages dans un mélange entre proximité et pudeur.
Elle ne brise vraiment ce dispositif qu’une seule fois, juste avant l’écran titre. Elle y effectue un panoramique déchirant qui, sans divulgâcher, permet au film de vraiment décoller. Le plan constitue un vrai coup de maître de la part de Tsang, et ce geste cinématographique aussi simple qu’intense marque d’autant plus par son côté détonnant face au reste du film. De plus, on ne se lasse pas de l’élégante photographie en pellicule 35mm qui sublime la composition précise de la plupart des plans. C’est notamment en utilisant beaucoup de plans fixes qu’elle peut travailler une lumière naturelle et des cadres posés de façon minutieuse et esthétique dans leur minimalisme.
Critique complète de Jules : https://cineverse.fr/blue-sun-palace-constance-tsang-avis-critique/