Sorti en 1990 le film Troll 2 de Claudio Fragasso s'est forgé au fil du temps une sérieuse réputation de nanar culte au point d'avoir une petite communauté de fans hardcores aux États-Unis qui célèbrent régulièrement le film dans de joyeux et bordéliques événements. En 2009 le réalisateur Michael Stephenson qui interprétait l’inable gamin du film décide de tourner un documentaire pour rendre hommage au film, à ses protagonistes et à ses fans. Intitulé Best Worst Movie le film retrace un peu la singulière aventure d'un film é de l'oubli à la lumière même si c'est celle d'un énorme néon rouge sur lequel serait marqué Nanar Cosmique.
Best Worst movie est un petit film documentaire vraiment sympathique qui amuse souvent mais qui gratte aussi parfois en montrant de manière parfois cruel qu'il n'est pas toujours facile d'être reconnu pour sa médiocrité. Je ne reviendrai pas sur le film en question puisque ma critique se trouve ICI. Le film qui n'est jamais sorti en salles va trouver son public grâce au marché de la vidéo et lors de sa diffusion sur le câble. Fascinés, amusés et atterrés par sa nullité sympathique une communauté de fans va alors se créer et ils vont commencer à se réunir pour des projections de plus en plus importantes (on e de séances devant une TV entre potes à des salles de cinéma). Ici on connaît les répliques par cœur, on rejoue (faux) les scènes cultes, on se déguise, on se marre, on se maquille et l'on invente même des Jeux Trollympique. Le film s'aventure aussi à la recherche du casting du film avec en tête d'affiche le héros interprété par George Hardy qui fera une courte pause dans sa carrière de dentiste pour tourner le long métrage et qui fait un peu office de fil rouge de Best Worst Movie. Dans le documentaire on retrouve aussi Connie Young qui avoue avoir eu franchement honte du film, Don Packard qui sortait de l'asile au moment du tournage, Margo Pray qui vit maintenant quasiment recluse chez elle et même quelques interprètes des fameux trolls. Michael Stephenson convainc alors la plupart des acteurs et actrices de venir rencontrer l'amour que leur porte les fans zinzins du film lors de projections et de célébrations joyeuses du mauvais goût qui tournent au délire.
Amusant ou cruel, vous jugerez par vous même, le documentaire invite également le réalisateur Claudio Fragasso et sa scénariste Rossella Drudi à venir rencontrer leurs fans. Sauf que l'on sent que Claudio Fragasso est un peu persuadé que les fans en questions sont des cinéphiles qui ont su reconnaître son génie vingt ans après la sortie du film et non des zigotos qui aiment (et c'est vraiment de l'amour) le film pour sa nullité. Le père Fragasso n'a pas l'air d'une folle humilité et surtout il ne va pas vraiment comprendre l'hilarité contagieuse d'une salle devant son film tout en acceptant avec satisfaction pour son égo , applaudissements, bain de foule et standing ovation. Mais lorsque certains acteurs évoque le film lors d'une projection avec l'absence de script, le n'importe quoi de l'aventure et leur gêne devant le résultat , Claudio Fragasso semble bouillir et moment de malaise, il intervient en traitant les acteurs en question de menteur ou en les accusant d'avoir une mauvaise mémoire (il les traitera même de chiens une fois sorti de la salle), car pour lui Troll 2 reste un bon film en avance sur son temps. Ce sentiment de malaise on le retrouvera également avec George Hardy au début complètement heureux et épanoui de rencontrer ses fans, de signer des autographes, de s’am à rejouer encore et toujours sa réplique culte « And you can't piss on hospitality » comme une star au sein d'un tout petit microcosme. Malheureusement lors d'une convention plus grande de fans de pop culture il se rendra vite compte que sorti d'une petite communauté de fans il redevient un anonyme complet et on le voit même tenter d'expliquer qu'il est la star de Troll 2 à des types déguisées en stormtroopers et qui en ont strictement rien à battre. Il restera tout aussi anonyme dans une convention dédiée au cinéma horrifique et paraîtra d'un coup bien moins sympathique en affichant une sorte de mépris face à ce cinéma de genre auquel il refuse d'appartenir , il quittera même l'événement en disant qu'il doit prendre une douche pour se laver de cette ambiance. Puis il retournera à sa vie de dentiste finalement un peu fatigué de rejouer sa réplique comme un chanteur à qui l'on redemande ad vitam de rechanter l'unique tube de sa carrière.
Best Worst Movie est donc un très chouette documentaire à la fois amusant et touchant mais aussi sincère et honnête dans sa démonstration que l'amour sincère mais moqueur que l'on porte à un film peut être très mal perçu par son réalisateur et étouffant pour ses protagonistes. Après il est clair que Claudio fragasso ne semble pas être le plus apte des réalisateurs à rire de lui même, raison de plus pour continuer encore et toujours de se marrer devant sa filmographie.