Bande à part
Bande de filles a mis un temps considérable à me séduire. Économe, voire avare dans ses mécanismes narratifs, j'ai mis un sacré moment à m'imprégner de cette ambiance faussement légère, de ses...
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J’ai un certain plaisir à voir les choses que je connais mises en scène, et ayant travaillé aux Halles étant un peu plus jeune, j’en ai vu des bandes de filles et de mecs noirs venir zoner dans le coin. Car oui, pour les non-parisiens, ce que j’étais à l’époque, il y a une segmentation raciale, même si non-absolue, dans les bandes de jeunes dits « de cité ». Et effectivement, il y a sûrement des choses à raconter sur ces gens.
On sent que Céline Sciamma aime ces jeunes filles, sans doute autant ses actrices, que ses personnages, que la typologie sociale qu’elles incarnent. Le naturalisme social à la française comme on l’aime : on montre leur vie, telle qu’elle est, parce qu’elle est intéréssante. Encore qu’on n’est sans doute pas dans un naturalisme plein et entier, car il y a une certaine dramaturgie dans le parcours du personnage principal. Personnellement j’aurais préféré le film encore plus brut, mais disons que c’est un choix. Reste que je pense que c’est la plus grande force du film, le regard amoureux que Sciamma porte sur ces filles, et qu’elle laisse s’exprimer à l’écran. Peut-être parfois un peu trop sur un ou deux plans longs qui traînent un peu pour rien (Céline tu forces un peu ta posture d’artiste si tu veux mon avis).
C’est évidemment un des propos, mais le traitement du machisme et du féminisme chez Sciamma me semble toujours un peu lourd. Pas forcément faux, ces endroits sont évidemments possédés par un machisme désordonné, mais un peu lourd dans sa monstration à l’écran. Bon.
A mon goût le film s’englue un peu dans son dernier tiers, qui ressemble un peu à un age obligé : la descente aux enfers où la jeune fille de banlieue se retrouve obligée de dealer. Encore qu’on garde une certaine retenue, et que Sciamma semble un peu jouer avec nos attentes, car la lourdeur même (type Requiem for a Dream) aurait voulu qu’elle se prostitue, et Sciamma joue un peu avec ça : l’héroïne se retrouve à habiter avec une prostituée, elle s’habille chic pour aller dans une soirée (mais c’est pour y vendre de la drogue)… Sciamma ne fait pas que dérouler. Le film aurait cependant à mon avis gagné à rester concentré justement sur cette bande filles, quitte à être un peu moins grandiloquent, à donner un parcours plus banal à son personnage. Le final reste assez juste.
Les actrices sont super.
Créée
le 24 mai 2025
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