En quête d’une expérience saisissante lors d’un matin un peu fade, je me lançai dans le visionnage de Babygirl. Et je ne fus pas déçu tant les premières minutes du film ne peuvent être vues sur un téléphone assis dans le métro sans un énorme inconfort. Premières minutes sur lesquelles j’aimerai m’attarder tant elles donnent le ton du film. On y voit en front cam une Nicole Kidman, en plein orgasme à califourchon sur son mari Antonio Banderas. Le fade s’est transformé en intérêt, l’ennui en érotisme ! Juste après cette séquence, on découvre que Nicole, vile menteuse, simulait le climax ! C’est une scène à mettre entre toutes les mains masculines tant on est dupé par cette extase féminine feinte, émasculante à plus d’un égard pour les hommes s’étant confiés eux mêmes la lourde tâche de répondre au plaisir féminin pour être de véritables hommes. Je me suis littéralement senti trahi en voyant la scène, c'est dire. Ça donne vraiment à réfléchir tant elle est douée. Insatisfaite elle décide de se masturber devant un film pornographique et finit pas atteindre la jouissance, une jouissance presque douloureuse semble t-il. Alors, m’étant intéressé récemment à l’impact du regard masculin sur le cinéma et de fait sur notre perception des relations hétérosexuelles, des stéréotypes de genres et la culture du viol, je me retrouvai chamboulé. Comment ça une femme se masturbe presque violemment en regardant un porno. Ou sont le bain moussant, les bâtons d’encens et la musique chill, conditions requises pour atteindre l’orgasme féminin, tout en sensations m’a t-on souvent expliqué. Mais qui a fait ce film ? Quoi, c’est une femme la réalisatrice. Je ne comprends plus rien. C’est un regard féministe ou anti féministe, je suis complètement perdu. C'est vrai tout ça ? Est-ce que c'est féministe finalement, une femme qui se masturbe comme un homme ? Ou est ce que c'est fait pour faire plaisir aux hommes et du coup plus tellement féministe ?
Plus tard dans le film, Nicole rencontre un stagiaire avec le lequel elle va se lancer dans une aventure extra conjugale mais ça on peut le lire partout. C'est juste pour moi un contexte pour asséner aux téléspectateurs la suite de Babygirl
Je dis "asséner" parce que la suite est faite de scènes d’abus, d'humiliations de la femme, d’agressions sexuelles, qui se succèdent, érotisées à outrance, rajoutant à mon malaise lors du visionnage.
C’est d’ailleurs le mot qui résumerait le mieux ce long métrage selon moi, malaise. Une drôle de sensation qui s’est emparée de moi et qui ne m’a pas lâché jusqu’à la fin avec cette question à laquelle je ne suis toujours pas capable de répondre : "Babygirl : Féministe ou anti-féministe ?"