We're both rotten.

Un film réalisé par Billy Wilder avec Raymond Chandler qui donne un coup de main au scénario, il faut dire que ça fait sacrément envie.

Et pourtant, le départ laisse sceptique. La faute au choix audacieux de supprimer tout suspense par l'implémentation d'une voix-off racontant ou laissant deviner la plupart des péripéties. Un parti-pris risqué qui ne laisse aucune place à l'erreur et oblige l'œuvre à fournir un sans-faute sous peine de décevoir son public.

Heureusement, l'épreuve est ée avec succès. L'intrigue est assez tortueuse pour demeurer intéressante, les personnages bénéficient d'une interprétation plus que satisfaisante, les dialogues se laissent suivre sans mécontentement, la mise en scène brille par sa sobriété et sa maîtrise.

Tout ceci est très bien. Cependant, d'aucuns me rétorqueront que cela ne suffit pas à constituer un grand film. Et ils auront raison.
C'est pourquoi je leur préciserai quelques particularités notables du métrage.
Une atmosphère remarquable, d'une noirceur totale, qui se dégage aussi bien de sa forme que de son fond.
Une photographie magnifique, qui puise sa splendeur d'une obscurité omniprésente.
Des protagonistes terribles, qui poussent à leur paroxysme les notions classiques. Le "pigeon", ici un homme d'âge moyen intelligent mais terne et frustré, qui se voit offrir le frisson irrésistible de la transgression, de la richesse et de la ion potentielles, quitte à y perdre son âme. La "femme fatale", ici une véritable salope névropathe, sans concession, jouée par une Barbara Stanwyck que l'on se surprend à adorer haïr (difficile d'oublier son expression arborée durant la scène du meurtre). Et comment er outre l'archétype de l'enquêteur (Edward G.Robinson, grand, comme souvent), ici monomaniaque et ablement étriqué, qui reste pourtant la figure la plus attachante.
Un propos divinement sombre, où la psychologie, les actes, les relations humaines sont tous plus délicieusement détestables les uns que les autres.

Il est simplement regrettable que ce dernier soit, encore une fois (cela semble être une faiblesse récurrente dans les productions américaines de l'époque), quelque peu dégonflé par un final aussi vide que pontifiant. 
Si l'on excepte ce fâcheux défaut, que du bon !
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le 20 nov. 2010

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Kalian

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