Adagio
6.8
Adagio

Film de Stefano Sollima (2023)

Voir le film

Un bel arc de personnage

À la fin du film, j'ai été ému. Étrange conclusion pour un film de gangster qui jouait jusque là sur une partition plus classique. Ainsi l'ouverture au cœur d'une séquence d'infiltration intrigue par les motivations floues des personnages. Au fur et à mesure que le script se déroule et que les évènements dérapent, on sent une tension monter. Le rythme est lent, comme pour épo celui des trois gangsters en fin de vie. Mais toujours tendu. Puis viennent les moments de rage et les moments badass dans lesquels un personnage auquel on tient affiche toute sa maîtrise face à ses adversaires. Et la stupéfaction face à la violence. La jouissance aussi. Tout dépend sur qui elle s'applique.

Une partition classique disais-je pour un film de genre, un film de gangster en l'occurrence. Aussi ai-je été surpris de me voir ému par une simple scène. Le jeune héros est à la fenêtre d'un commissariat. Il voit arriver une voiture de police, on ne sait pas qui elle conduit. Lorsqu'elle s'arrête on voit en sortir l'épouse du vieux gangster qui a fini par devenir son père de substitution. Elle lève les yeux et son regard croise celui du jeune homme. On sait ce qu'elle a perdu. On sait pourquoi il est là. On sait ce qu'il lui rappelle. Et dans ce regard, on ressent le tragique de cette femme qui a subi les choix de son mari, mais également sa dignité. Et l'on sent surtout l'évolution du héros, qui a choisi d'arrêter de fuir et de faire face.

Finalement, je crois que ce qui rend ce dénouement si émouvant, c'est qu'on réalise que la tragédie à laquelle on a assisté a accouché d'un très bel arc à travers ce héros. Un personnage de petite frappe qui décide au bout du chemin d'accepter son destin plutôt que de le fuir.

8
Écrit par

Créée

le 24 déc. 2024

Modifiée

le 25 déc. 2024

Critique lue 14 fois

IanCher

Écrit par

Critique lue 14 fois

D'autres avis sur Adagio

Regarde les pères tomber

Revenant à Rome et à ses amours maffieuses après une incursion hollywoodienne à moitié probante (la suite de Sicario, plutôt réussie, et Sans aucun remords, nanar de commande à oublier pour...

Par

le 17 juin 2024

4 j'aime

Critique de Adagio par Christophe Muller

Une fois de plus, Stefano Sollima tue le game du polar réaliste ; qu'un tel réalisateur, réussissant à allier avec autant de brio fond et forme, e encore ainsi sous le radar me dée. J'en...

le 20 mai 2024

4 j'aime

Où est le plaisir du cinéma là-dedans ?

Il semblerait qu'il y ait une certaine hype (à moins que ce soit tout simplement du snobisme) autour de ce film. Parce qu'enfin quoi, posons-nous la question : Où est le plaisir du cinéma là-dedans ...

Par

le 21 mai 2024

3 j'aime

Du même critique

Champs de bataille politique et psychologique

Des quatre premiers tomes de la saga des Rougon-Macquart, La conquête de Plassans est à mon avis le plus facile d'accès. Cela se voit dès la structure, qui privilégie une vingtaine de chapitres plus...

Par

le 19 déc. 2015

4 j'aime

Les charmes discrets de l'intestin parisien

Lire Le Ventre de Paris de nos jours, c'est faire revivre les Halles du temps de leur splendeur aujourd'hui disparue. N'ayant pour ma part jamais vu de gravures des Halles de l'époque, j'ai été...

Par

le 9 déc. 2015

3 j'aime

Pourquoi lire Diogène Laërce au XXIème siècle ?

Il est indéniable que les Vies de Diogène Laërce sont une mine d'or pour tout historien, de par la richesse des informations qu'elles contiennent. Néanmoins, si l'on n'est pas un universitaire, juste...

Par

le 11 oct. 2015

3 j'aime