La programmation sur nos écrans de cet Accident domestique (un titre sans doute plus aguicheur que La mesita del commedor, qui signifie littéralement « la table de la salle à manger ») a été une petite surprise, dans la mesure où sa découverte lors du PIFFF remontait tout de même à décembre 2023. Preuve en est que tout vient à point à qui sait attendre... On saluera donc encore une fois la ténacité des distributeurs de chez ESC, et leur volonté affichée de permettre à un cinéma de genre bien plus hargneux que la moyenne de retrouver le chemin des multiplexes français.
Non pas que le long-métrage de Caye Casas ait pour ambition de rivaliser dans le domaine de la barbaque étalée aux quatre murs avec The Sadness, Project Wolf Hunting ou Terrifier. Il ne contient en réalité aucune scène de violence graphique (du moins pas en gros plan...). En revanche, la méchanceté outrancière (et, il faut le dire, assez hallucinante) de son concept justifie totalement sa présence au sien du catalogue ESC. De même que le sadisme avec lequel son réalisateur tire l'élastique du malaise à son point de rupture dans chaque scène, nous faisant tout autant désirer que redouter le dénouement de l'histoire (dont on sait pertinemment, dès les premières minutes, qu'il ne sera pas joyeux). Quitte à forcer parfois sur la suspension d'incrédulité, ou à montrer certaines limites sur la durée (un court-métrage eut sans doute été plus approprié).
Bien évidemment, l'expérience, désagréable et étouffante au possible, ne sera pas du goût de tous. Mais pour qui est réceptif à ce mélange particulier d'humour (très) noir et de noirceur nihiliste, cette monstrueuse farce tragi-comique mérite le coup d’œil.