Quelles peines sont justifiées quand on les ramène au prisme de l'Histoire ? Puis-je vraiment me plaindre de mon job confortable dans un bureau du 11ème arrondissement alors que mes ancêtres ne vivaient avec presque rien il y a encore 100 ans dans un pays à des milliers de kilomètres de la et que certains autres d'entre eux sont morts sous les bombes ?
Telles sont les questions qu'A Real Pain se pose à l'échelle de l'holocauste pendant 1h30.
Le très Woody Allenien Jesse Eisenberg nous embarque dans une aventure qui tentera de mêler la grande et la petite histoire. Tout en essayant de garder en tête ses questionnements, le réalisateur arrive à allier drame et comédie avec justesse.
Evidemment, le film puise sa force dans le duo principal. J'avais sous-estimé Kieran Culkin, pour moi largement en-dessous des autres dans Succession, qui ici arrive à émouvoir au premier regard. On sent une profonde souf qui devient une force dans son jeu d'une scène à l'autre. Eisenberg fait du Eisenberg si bien que, lors du dîner, on a l'impression que c'est bien lui qui nous exprime toute sa peine.
Le dispositif autour est tout aussi réjouissant :
- la chaude photographie pour un pays supposé "froid" (ce film a échappé au filtre gris qui s'installe à la douane polonaise)
- La musique classique qui s'installe entre deux balades dans des rues qui servent de décors à des réflexions philosophiques
- Les scènes comiques qui font mouches pour toute la salle. Avec une mention spéciale pour la scène de la télé à l'hôtel, j'ai eu du mal à m'en remettre.
Sans transcender le genre du road movie ou en voulant apporter une véritable réponse, A Real Pain est un bon moment é à se questionner sur notre place dans l'histoire des soufs que ce soit envers nos ancêtres mais aussi envers nos contemporains.