" L'amour n'est pas qu'un sentiment, c'est un devoir. Tu aimeras. "

Heureux détenteur en 2011 d'une palme d'or à Cannes pour son chef-d'oeuvre « The Tree of Life », Terrence Malick présente en 2013 sa dernière œuvre. Film attendu par beaucoup de ses adorateurs, dont je fais parti bien entendu.

« A la Merveille » est une œuvre qui abandonne complètement la technique et la schématique d'un film classique, pour nous livrer un poème filmé de 1h50. Le concept avait déjà été abordé dans « The Tree of Life », narration décentrée, non respect de la chronologie et voix-off qui en viendrait presque à remplacer tous les dialogues. Cependant si le concept fonctionne parfaitement dans « The Tree of Life », il risque de dérouter bien plus dans « A la Merveille », même pour l'habitué que je suis, il m'a fallut un certain temps avant de pouvoir entrer complètement dans le film et me laisser porter par cette poésie que j'affectionne tant. Ce n'est qu'au bout d'une quarantaine de minutes que l'oeuvre, plutôt intimiste dans son sujet, dévoile finalement toute sa portée universelle. Cela se manifeste notamment lorsque le personnage du père Quintana fait son apparition.
Le concept de « A la Merveille » est très simple, il s'agit d'un film qui ne s'occupe plus du principe de cause à effet, même si évidemment des événements surviennent dans l'histoire, le film est en quelques sortes un flot d'émotions et de sentiments qui nous sont envoyés à la volée, parfois sans liens directs entre-eux, c'est une sorte de valse.
Un long poème qui privilégie le questionnement plutôt que le lyrisme, Malick ne semble pas vouloir marquer absolument grâce à la musique, les partitions sont très jolies mais n'ont pas l'effet qu'elles pouvaient avoir dans « The Tree of Life » ou « Les Moissons du Ciel » par exemple. Bien que « A la Merveille » puisse transcender, c'est parfaitement possible, le film ne touche non pas seulement par son sujet, mais par sa force tactile, cette espèce de puissance invisible qui nous pique en plein cœur et que l'on ne retrouve que dans certains films. C'est ainsi que l'on pourra se surprendre à verser une larme, ou bien à sourire, à soupirer, le film (un peu comme dans The Tree of Life) nous renvois à des émotions très primaires, mais fortes. C'est un poème finalement assez naïf mais convaincant car réaliste, cette Marina qui virevolte sans cesse, n'est au final qu'une métaphore de tout ces sentiments qui s'entrecroisent.

Cette tirade est ponctuée d'images contemplatives, de symbolisme, mais le lyrisme quant à lui est moins présent, au profit des mots. Choix qui ne dérange pas forcément car les morceaux sont plus marquants lorsqu'on les entend. Parlons enfin des acteurs, Olga Kurylenko est habitée par un rôle qui en énervera probablement beaucoup, bien qu'elle ne possède pas la grâce et la pureté de Jessica Chastain, l'actrice touche beaucoup par sa spontanéité. Rachel McAdams est elle aussi très touchante, probablement le personnage qui m'a le plus ému avec celui de Javier Bardem. Seul Ben Affleck qui même s'il livre une prestation convaincante, demeure finalement le moins intéressant. La jeune Tatiana Chiline est une enfant assez agaçante dans son jeu parfois, mais correspond globalement bien au rôle également.
Plus personnellement je dois dire que ce n'est pas LE film de Terrence Malick qui m'a le plus ébloui, il est absolument magnifique, poignant et transcendant en ce qui me concerne, mais le sujet en lui-même m'a à la fois donné plein d'envie et d'espoir, mais il m'a également fait très peur. Mais encore une fois c'est une réaction qui même si elle n'est pas agréable sur tous les points, est presque logique car le film ne fait que dépeindre ce qu'est l'amour et ce qu'il se e lorsqu'il n'y en a pas ou plus.

Une merveille ? Pas vraiment, mais une expérience cinématographique qui prouve que le cinéma n'est pas seulement un art mais un moyen d'expression, c'est certain. Terrence Malick trace inlassablement son chemin à l'inverse de tous, et c'est de manières intrinsèques que l'on peut vivre avec intensité son cinéma, ce film en est un nouvel exemple.
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le 12 mai 2013

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E-Stark

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