Film de guerre présenté comme contestataire (pour l’époque). Pas sûr qu’il est contesté grand-chose, même à l’époque. Une bande de recrues naïves, se fait embrigader à cause du patriotisme à papa, et s’engagent dans l’armée. Ils découvrent alors ce qu’est la vraie guerre. Film à message. La contestation n’étant pas permise (à l’époque), on a un message moralisateur à papa. Avec ce qu’il faut de regards fixes, face caméra pour accrocher le spectateur en plein cœur, et lui faire comprendre le message ; avec la camaraderie, la solidarité entre frères d’armes, l’humour pour détendre l’atmosphère entre deux alertes, avec l’épreuve du feu. Contestataire pour ceux qui ne sont pas difficiles.
Ils adoraient les fondus au noir à l’époque. Le film ressemble à un film à sketches, coupé par des fondus au noir, et des saynètes pleines de bon sens, avec message, toujours. Paul et ses camarades sont pris en main par un vieux brise quart, Kat. Ils feront leur baptême du feu, mais ça reste du niveau de l’illustration. Cadré comme une photo, format carré, posture droite, carré. Pas un geste de travers. Il y a assez peu de matière en apparence, mais quand on regarde ce film en 2017, on se rend compte de ce que beaucoup de grands réalisateurs, (Kubrick notamment), lui doivent. Et on voit aussi que la dramaturgie peut être réduite à sa plus simple expression. Ici, elle est anecdotique pour anecdotes.
Les scènes de combat par contre, sont assez « modernes » ; elles ont ce côté spectaculaire de la guerre vu au cinéma pour grand public. On est en plein dedans, on en a plein la vue, et on en redemande. Des scènes d’action dynamiques, qui jurent avec le reste du film, comme si elles étaient rapportées, sans rapport avec le reste et la narration. C’est peut-être pour ça qu’on peut piocher des trucs dedans, sans craindre la redite ou le plagiat. C’est un bon devoir, sérieux, rangé, classé. En faisant travailler son imagination, on peut en faire dix remake en allant beaucoup plus loin. Certaines idées sont devenues des clichez types du film de guerre :
Le moment de repos du guerrier avec les filles du camp adverse. Les blessés à l’infirmerie, qui veulent retourner au front pour redre leurs camarades. Le régiment qui devient une grande famille fraternelle, puis l’unique famille. Le retour impossible à la vie normale. Malheureusement, tout est mélangé, et tire dans le sens de la longueur. La repentance du soldat qui demande pardon à l’autre qu’il vient de tuer, dans le trou, par contre c’est too much. La morale de la fable est lourde comme un tank. Tuer, c’est mal, même quand on est en guerre.
« Pardon, je t’ai tué ! » Scène insistante, moralisatrice, assez déplacé, vu tout ce qu’on a vu avant. La boue, les combats héroïques, le manque d’âme, puis soudain de l’âme qui surgit de nulle part ? Mais non. Ça tombe comme du catéchisme de bénitier, ça ne fonctionne pas. Comparé au patriotisme triomphant qu’on voit tout le reste du film, ça fait tache. Tout ce qui est montré c’est la grandeur du patriotisme, et l’honneur du sacrifice pour son pays ; et ça flatte beaucoup le spectateur dan le sens de ce poil là. Le reste est anecdotique. Et ça devient interminable…
On en parle comme d’un chef-d’œuvre, je veux bien, mais c’est loin d’être le meilleur que j’ai vu sur le sujet. Ce film ne fait que mettre de la lumière, et arrondir les angles, sur ce qu’il chercherait à dénoncer. Ils voient que la guerre c’est la merde. Une fois rappelés à la vie civile, ils disent que le front, c’est la merde. Et y retournent quand même ( !) Pourquoi y retournent-ils? Eux seuls le savent. Fausse critique, vrai héroïsme mal déguisé. Et ça parle beaucoup, trop, à tort et à travers. Comme si le message était plus important que tout le reste. La nécessité de la guerre, plus importante que les hommes, qui tombent comme des mouches, mais ne se rebellent jamais. Et on aura vite compris pourquoi. Celui qui ne va pas à la guerre, c’est un lâche, point. Aucune discussion possible.