Il y a bien sûr la prouesse technique de ce (faux) plan-séquence de 2 heures qui impressionne. Cette valse constante de la caméra avec les acteurs est magistralement orchestrée et offre parfois des séquences qui laissent bouche bée. Mais ce processus n'est pas un simple artifice pour épater la galerie. Il est ici au service d'une histoire toute bête : deux soldats doivent franchir les lignes ennemis pour éviter à 1500 hommes de tomber dans un piège. La caméra - donc le spectateur - suit au plus près leur mission, elle nous permet une proximité avec ces deux héros hyper implicante qui fait qu'on ne reste jamais "à l'aise dans son fauteuil", le tout dans des tranchées reconstituées avec un sens du détail assez génial. C'est bourbeux, poussiéreux, humide, crade, parfois sanglant, jamais bavard (heureusement vu le doublage FR un peu faiblard). C'est tendu, voire haletant à certains ages, émouvant, désarmant, poétique même... On en ressort avec une idée peut-être pas totalement réaliste de ce que ça devait être mais avec le sentiment d'avoir vécu un grand moment de cinéma. S'il ne réinvente pas une narration (d'autres l'ont bien sûr fait avant lui), Sam Mendes lui donne une putain de dimension.