Viva Palombia ! - Marsupilami, tome 20
5.6
Viva Palombia ! - Marsupilami, tome 20

BD franco-belge de Batem (2007)

Bonjour Tristesse

une catastrophe.


Lire cet album à un enfant, c'est patauger dans la vase en se bouchant le nez.

.

Franquin avait des défauts - son Nid des marsupilamis ( 1960 ), qui a servi de point de départ à cette série, surfait beaucoup trop sur les clichés misogynes ringards pour faire rire - mais la série continuée par Batem et ses collaborateurs ( ici, Colman ) s'y embourbe allégrement.

Pourtant, on est en 2007 quand ce 20e ( ! ) album sort.

Plus de quarante ans plus tard, donc.

Mais aucune amélioration, au contraire...


Déjà, le dessin est beaucoup plus vulgaire que celui de Franquin, qui avait pourtant aidé Batem à lancer le premier album, La queue du marsupilami ( pas un chef d'oeuvre mais beaucoup mieux dessiné et mieux mis en page que celui-ci ).


Ce début sous la surveillance du maître n'a, paradoxalement, peut-être pas aidé Batem : démarrant la série dans une continuité graphique avec le travail de Franquin, il se trouvait forcément en situation d'imitateur appliqué.

Sans doute l'option la plus simple pour ne pas perturber les lecteurs et ne pas les perdre, mais une option qui l'empêcha d'amener un style personnel en rupture; il copia donc, consciencieusement au début, puis de moins en moins bien, le style dégénérant rapidement de "copie appliquée mais palote" à "très mauvaise imitation qui s'enlise" - comme souvent avec les continuateurs-imitateurs.

En ouvrant les deux albums- "1 La queue du marsupilami" et "20 Viva Palombia" - on mesure la dégénérescence du visuel, du trait, des compositions, de la mise en page, des couleurs.

C'est triste, si on aimait l'animal.

Mais assez parlé de l'apparence, et la substantifique moelle ?

C'est pire.


Toute l'histoire ( et je me fiche bien de savoir s'il faut l'attribuer à Colman ou à Batem, tant on est dans la poursuite d'une trajectoire commune aux 20 albums ) repose sur l'idée que, selon les amérindiens Chahutas, le dieu soleil a créé le marsupilami, et que, celui-ci découvrant les ébats amoureux des animaux et n'ayant pas de femelle, la déesse lune lui fournit une marsupilamie pour lui tenir compagnie ( et pour copuler, bien sûr ).

Merci la côte d'Adam, jamais loin...

En parallèle à ça, on va avoir plusieurs intrigues entrecroisées, mais sans qu'aucune soit captivante :

- un gamin chahutas va chercher une fleur dont le pollen peut faire automatiquement tomber amoureuse la gamine qu'il convoite ( merci la conception de l'amour ).

- un guide-explorateur fait découvrir la jungle et les marsus à une cliente très très laide dont le problème dans la vie est que les hommes la fuient dès qu'ils la voient

- les amérindiens Chahutas ont peur d'une sorte de Yéti qui souffre de solitude.

- et le marsupilami ( l'actuel, pas celui de la légende ) a un problème familial que j'ai déjà oublié tant on s'ennuie ( désolé ! ).


Tout ça va fournir aux auteurs matière à un pot-pourri ( c'est le cas de le dire ) de clichés vulgaires qui font l'essentiel de leur fond de commerce.




- Par exemple, on découvre la tribu Chahutas par un gros plan d'une pin-up indienne en pagne cadrée des pieds à la taille, les fesses vers nous, avec en arrière plan une poignée de Chahutas mâles exorbités, la matant en disant : "Tavulapépé ?" et autres dialogues presque tous aussi drôles.

C'est le style.

C'est la grande classe.


- Par exemple le gamin amoureux se nomme Tapété, et dans presque chaque case il laisse échapper un petit pet nuageux et musical, et pendant tout l'album on lui dit qu'il a mangé trop de soufflé aux chenilles.

Une fois, on peut sourire, malheureusement Batem et Colman s'imaginent qu'il suffit de répéter ( c'est le cas de le dire ) consciencieusement la même blague nulle à toutes les pages pour l'élever au rang de "gag récurent".


- Par exemple, à plusieurs reprises le marsupilami observe des tortues en train de copuler et se fait traiter par elles de voyeur. A quel moment on est censé rire ?


- Par exemple les auteurs reprennent la saison des amours du film Bambi - quand chaque animal trouve son compagnon ou sa compagne et ne pense plus qu'à batifoler - mais ici en mode lourd...

La chair est triste, et lasse, et j'ai lu tout le livre ;)

La narration est si mal fichue et si mal mise en scène qu'on s'y perd par moment ( dans une histoire aussi ras-de-sol il faut le faire ! ) et comme les blagues salaces ( qui font l'essentiel du comique et des dialogues ) ent souvent par-dessus la tête des enfants les plus jeunes, ceux-ci ne voient pas bien où ça mène, et il faut leur expliquer en ramant.


SPOIL :

La très très laide touriste ( Batem a fait tout le nécessaire pour qu'on comprenne bien que c'est sa caractéristique majeure ) va, à cause de la fleur magique, tomber amoureuse du hideux yéti et devenir sa compagne.

Vous voilà prévenues les filles : si vous êtes moches, il va falloir épo un monstre, c'est tout ce que vous méritez.

Bon, bref, désolé de vous avoir fait perdre du temps avec cette nullité, mais j'avais besoin de crier ma tristesse d'enfant qui a adoré le marsupilami de Franquin.


voilà : OUIIIIIINNN ! SNIF SNIF ! ARRETEZ DE TRAINER MA PELUCHE DE MARSU DANS LA BOUSE !


( ah, et pourquoi ce chef d'oeuvre s'appelle Viva Palombia ?

juste parce que ça se e en Palombie, ne cherchez pas un gag dans le titre, ni une idée, il n'y en avait plus en stock )

1
Écrit par

Créée

il y a 3 jours

Critique lue 48 fois

7 j'aime

21 commentaires

moranc

Écrit par

Critique lue 48 fois

7
21

Du même critique

je n'aime pas la jeune fille en feu

( d'abord évacuer vite les détails de réalisation qui m'ont choqué : la barque. Quand on tombe à l'eau en mer avec ce genre de robe, les chances de s'en sortir sans aide sont faibles, tellement le...

Par

le 9 mars 2024

21 j'aime

13

un individu louche

On est en janvier 1988. Un homme se lève et demande : "Monsieur Grimault, toutes ces bobines qui dorment sur vos étagères, tous ces dessins animés... pourquoi ne pas nous les montrer tous ?" Dans la...

Par

le 7 août 2023

18 j'aime

70

cerise

je déteste les films de procès. ça me saoule; ça n'évoque rien de tentant; l'idée qu'il y a un public pour ça me sidère. mais quel film ! au bout de 2h devant un film, mes paupières se font...

Par

le 19 sept. 2023

16 j'aime

3