Un nouvel album de Zep ? Faudra quand même que je lise Titeuf un jour, parce que c'est son troisième bouquin que je lis déjà et j'ai toujours pas attaqué ce pour quoi il est le plus connu.
Le dessin est pas mal. On sent parfois son style antérieur revenir, le temps d'une vignette, d'une expression, d'un plein (en rapport avec le délié), mais globalement, il s'en tire assez bien avec ce réalisme. Les décors sont parfois un peu pauvre, les effets de crayon pas toujours nécessaires, mais globalement, c'est sympa à regarder. De plus il a adopté une mise en couleur très simple, sobre, suffisante pour raconter son histoire. Son découpage est propre à la contemplation : ce qu'il y a à contempler n'est donc pas le plus dessin du monde mais ça se laisse faire. Les personnages sont expressifs, bien habillés.
Le scénario est moins convaincant. Faut dire qu'on n'y croit pas trop à ce récit, l'évolution du personnage étant si brutale qu'on ne comprend même pas ce qu'il foutait dans ce monastère si longtemps. En même temps je peux comprendre que le bougre ait pu changer d'avis si vite, ça peut être crédible, mais comme Zep ne parvient jamais à nous faire vraiment entrer dans son raisonnement, à nous faire comprendre ce personnage (à force de multiplier les mystères), l'identification échoue totalement. Les rencontres sont faciles, mal exploitées. Le dénouement déçoit par sa facilité, sa superficialité : en fait, on s'attend à quelque chose d'un peu plus... d'un peu plus, quoi ! Et là c'est tout mou, tout mal. En même temps, vu la pauvreté narrative, normal que la fin soit un peu bancale ; ben voilà, le problème est là, ce n'est pas assez minimaliste pour que l'aspect métaphysique prenne le dessus et ce n'est pas assez narratif pour prendre le lecteur aux tripes. La conséquence de ce cul entre deux chaises, c'est que tout paraît plat, sans saveur.
Bref, c'est joli, c'est parfois intéressant, mais ça ne va pas assez loin.