Il y a manga et manga... A côté de la production de masse qui occupe le devant des présentoirs, et que je trouve le plus souvent très moche, il y a des BD de grande qualité. Jirô Taniguchi est le plus célèbre des mangakas influencés par la BD « franco-belge » et j’ai beaucoup aimé son « Quartier lointain ». Je trouve cependant son style un peu froid, à la fois à cause des décors urbains paraissant décalqués de photos et aussi en raison de ses visages très « européanisés ».
« Sunny, tome 1 » m’a permis de découvrir Taiyô Matsumoto, un autre dessinateur japonais amateur de BD européenne. Les dessins et les planches de Sunny sont magnifiques. La ville est représentée de façon réaliste mais elle est en mouvement, comme les personnages. A l’image de la couverture, les quelques pages en couleurs (chaudes) font d’abord regretter que la plupart du tome soit en noir et blanc. Mais l’ensemble est de toute beauté, noir et blanc compris. Le trait me fait un peu penser à celui de José Muños, le dessinateur d’Alack Sinner.
Sunny est la chronique émouvante d’un pensionnat où habite un petit groupe d’enfant de tous âges, du bébé à l’adolescent. Ceux avec lesquels nous faisons connaissance dans ce tome 1 ne sont pas des orphelins, mais tous souffrent bien sûr de l’absence de leurs parents. Les dialogues (et les pensées) s’entremêlent souvent et nous font ressentir l’ambiance de cette petite communauté. Les adultes qui les encadrent semblent efficaces et bienveillants mais la frustration des enfants est toujours prête à éclater, notamment celle de Haruo, le garçon aux cheveux blancs qui apparaît sur la couverture. Dans la liste qu’il a consacré à l’auteur (« Taiyô Matsumoto: Number One »), Templar nous apprend que Taiyô Matsumoto a vécu une enfance très proche de ce qu’il raconte dans Sunny et que 5 tomes sont déjà parus au Japon (6 seraient prévus).