Gliome tell

Attention, peut contenir des traces de spoil


J'aime la bande dessinée, et je suis très triste quand j'ai l'impression qu'une bédé est un moyen plutôt qu'une fin. "Hé tiens, j'ai un truc à dire... J'ai qu'à faire une bédé!" La bande dessinée est un art bordel!


Je pense à trois types de bédés :



  • Les bédés politisées : même si le message est bon/intéressant (femmes battues, immigration...), j'ai l'impression de lire de la publicité, et ça m'énerve.
    -Les bédés autobiographiques : C'est pas parce que tu dessines bien que ta vie est intéressante...

  • Les adaptations de livre ou de film : Bien que fidèles le plus souvent, je ne vois pas trop ce que le apporte, de beaux dessins, moui...


Bien sûr, il y a d'excellentes exceptions, et c'est pour ça que je continue à lire de manière pas trop discriminatoire.


J'avais peur que ce bouquin là tombe dans le deuxième excès, et c'est loin d'être le cas, c'est très intéressant!
Je suis très curieuse des souvenirs de coma, et des NDE (near death experiences), et pour le coup j'ai été gâtée. La première partie de la bd est riche en souvenirs détaillés, expériences de sortie du corps, rêves très scénarisés, l'auteur arrive à retranscrire des sensations inédites.


La vision du corps médical est effrayante mais malheureusement pas nouvelle. Infirmiers au mieux désinvoltes, médecins incompétents... Je le trouve courageux d'avoir osé parler de ce genre d'abus.


J'ai aussi aimé qu'il donne la vision de sa femme lors de la maladie, sa souf de n'être que la femme du miraculé, de s'en sortir seule avec une enfant en bas âge, sans savoir si son mari va sortir du coma, et dans quel état. L'entendre raconter en boucle ses souvenirs du coma...


Malheureusement, la deuxième partie du livre m'a beaucoup déçu. Tout commence quand il rencontre son psy après avoir lu un livre de lui sur la sexualité masculine. La représentation du type ne me met pas en confiance, autoritaire, charlatan, il semble dicter sa conduite au héros terrifié, lui créant de toute pièce un conflit maternel. J'espérais qu'il allait lui tourner le dos, mais non, c'est la dégringolade. Je suis plutôt ouverte d'esprit, mais là, j'assistais impuissante aux différents escrocs (psychogénéalogiste, coachs en tout genre...) qui se le recommandaient les uns aux autres. A la fin du livre il raconte tout fier à un médecin que si il n'a pas de séquelles lors de la radiothérapie c'est grâce à sa pratique de méditation lumineuse.. Sauf qu'avant ça il avait guéri de façon miraculeuse de ses séquelles... Mouaif. J'y vois un peu l'inverse de l'excellente bédé L'Ascension du haut mal de David B, où ses parents, impuissants face à l'épilepsie de son frère, se tournent vers des solutions ésotériques qui finissent de détruire leur famille.
Il conclut en disant qu'il est tout à fait heureux aujourd'hui, alors tant mieux pour lui.


Je regrette aussi qu'il e tout à fait sous silence la naissance de son deuxième enfant, je trouve qu'il n'est pas anodin de décider de faire venir au monde un nouvel être humain, juste après avoir frôlé la mort.


Bilan mitigé pour cette bande-dessinée, malgré des dessins d'une expressivité rarement égalée. Je le recommande cependant aux personnes intéressées par l'expérience végétative.

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le 7 janv. 2016

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Diothyme

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