Merci Isabel Del Real !
Merci d'avoir comblé le manque de récits cyclotouristiques français (franco-américaine exactement) au sein du neuvième art, la bande dessinée. Et quel récit ! Isabel, du haut de ses 23 ans, décide en plein Covid de voyager jusqu'à Téhéran depuis la Bretagne... à vélo.
C'est un vrai plaisir de se laisser embarquer dans son aventure. Au-delà de nous faire découvrir son itinéraire, Isabel nous partage ses ressentis et ses pensées philosophiques qui émergent pendant qu'elle roule :
C'est rassurant, une trajectoire vers l'est, vers l'aube. La nuit on dort blottis contre le sol, la terre absorbe notre sommeil. Puis le soleil se lève, et on sait où aller".
Pédaler pour mieux penser. Pédaler pour oublier. Pédaler pour avancer.
Isabel part seule, mais on n'est jamais vraiment seul pendant un voyage à vélo, elle rencontre plusieurs voyageuses et voyageurs qui pédalent avec elle de temps en temps, noue des amitiés plus ou moins intenses et parfois retrouve ces mêmes voyageureuses plus loin sur la route ! On note aussi la quantité impressionnante de personnes qui l'invite spontanément au cours de son voyage, que ce soit pour dormir ou pour manger. C'est rassurant et inspirant, le monde n'est pas toujours aussi morbide qu'on pourrait l'imaginer. Il faut l'essayer, quitte à se vautrer.
J'ai apprécié les références littéraires comme le moment lecture de L'idiot de Dostoïevski dans sa tente au cœur des montagnes slovènes ou la playlist qu’elle nous partage tout du long comme un gros Stupeflip dans les oreilles en pleine nuit dans la capitale géorgienne.
Son humour est pile-poil dosé comme il faut, et ses dessins à l'encre de Chine (je crois) nous pètent à la tronche tant ils sont criants d'humanité et de naturalisme.
Merci pour ce voyage, ces goûts et ces odeurs, ces regards et ces détours ; cette lente méditation consciente à travers le monde, à travers les autres, à travers soi.
C'est beau, mais moi je ne sais jamais mettre de début ou de fin à mes histoires. Je ne crois pas qu'il y ait un début et une fin. Tout comme il n'y a pas de "bout de la route". Il n'y a rien que des bouts d'histoires qui flottent dans la plus longue nuit.