Prévisible et plein de bons sentiments... mais ça fonctionne !

« L’adoption » est un diptyque devenu série. Ce quatrième tome vient fermer le deuxième cycle consacré à l’adoption du petit Wajdi. Il est à noter qu’avec un ignoble sticker collé sur la couverture indiquant « Peut-on rendre un enfant adopté », Bamboo (et ses auteurs ?) semble vouloir en faire une série didactique… L’annonce en fin d’ouvrage d’un nouveau cycle à venir le laisse présager également. Quoiqu’il en soit, après un « Wajdi » qui amenait son suspense en fin de lecture, il était temps de lire la suite. Le tout pèse 67 pages et est édité dans la collection Grand Angle.

La rupture entre Wajdi et sa famille d’accueil a été nette. Place, comme l’indique le titre, aux repentirs. Il faut retrouver le petit et l’adopter pour de bon ? Face aux difficultés et au comportement de l’enfant (traumatisé à de nombreux niveaux), ses nouveaux parents n’ont pas su comment réagir et ont préféré la fuite. Mais maintenant que Wajdi n’est plus là, comment réagiront-ils ?

On va évacuer directement le principal défaut de l’album : oui, tout est prévisible et plein de bons sentiments. Le premier diptyque présentait une véritable rupture qui menait à un deuxième tome complètement imprévisible. Ici, le lecteur se retrouve dans une histoire cousue de fil blanc. En cela, ce nouveau diptyque est vraiment un cran en-dessous du précédent. Le cycle précédent ne parlait pas que d’adoption, cet événement étant là aussi pour montrer d’autres failles chez les protagonistes, d’autres relations dans la famille. Ici, tout est centré sur cette adoption et on peut craindre que cette série devienne un concept déclinant divers types de familles, d’enfants et de difficultés.

Malgré tout, cela fonctionne. Ce tome se révèle étonnamment émouvant. Pourtant, il ne s’y e pas tant de choses que cela. C’est avant tout les personnages qui évoluent, qui souffrent, qui se questionnent et cela suffit à embarquer le lecteur. Une belle réussite, comme quoi il n’y a pas toujours besoin de grands chamboulements pour faire mouche. Le personnage de Wajdi est sans doute le plus réussi, lui qui nous touche sans jamais parler (ou presque).

La partition d’Arno Monin est une nouvelle fois magistrale. Le dessin est beau, expressif et tendre avec ses couleurs pastel. Sa capacité à gérer les non-dits et les silences est remarquable et participe largement aux émotions ressenties par le lecteur. C’est une des bande-dessinées les plus maîtrisées en termes de dessin et de mise en scène que j’ai pu lire récemment, c’est très impressionnant.

Ce deuxième cycle se referme de façon convenue, mais non sans toucher le lecteur. Cependant, on ne peut que regretter l’absence de prise de risque au niveau de l’histoire. Le tout manque un poil de crédibilité, avec une sensibilité feel good un peu appuyée. Malgré tout, pour avoir été touché par cette histoire, je ne peux que vous la recommander.