"You guys were gonna eat me? I've had enough of this crap."
Hellboy c'est avant tout le trait unique et la maîtrise narrative extraordinaire de Mike Mignola qui offrent une puissance évocatrice rare. Un dessin précis et anguleux, presque géométrique, plongé dans le noir mais nullement dénué d'éclat ou de nuances qui accrochent l'œil et le lecteur. Les décors et cases insérant pêle-mêle architectures aztèques, statues indiennes, gargouilles gothiques ou miniatures médiévales ne soulignent que davantage le caractère décoratif de son style imbibé d'art et d'archéologie.
C'est en second lieu une ambiance hybride terriblement accrocheuse qui mélange avec appétit l'imagerie inquiétante et tentaculaire de Lovecraft, les contes et légendes de Russie, les dieux et démons occultes des mythologies antiques, l'aura toujours inépuisable des complots nazis, l'humour détaché de Hellboy ainsi que quelques relents steampunks.
Sous des apparences d'histoires bourrines se dessine peu à peu une intrigue plus large, teintée de mélancolie et même tout un macrocosme s'enrichissant sans cesse. En effet, si le démon aux cornes brisées demeure le point central du comic, gravitent tout autour de lui de nombreux personnages dont le background sera exploré dans les divers spin-off (B.P.R.D, Abe Sapien, Weird Tales) tous supervisés par Mignola.