Construit en deux parties distinctes, "La Porte de la Mémoire" nous offre d'abord la conclusion de la rencontre entre Eva, un personnage décidément de plus en plus intéressant (alors que les personnages féminins ne sont pas toujours complexes dans les grandes sagas d'Urasawa), et son "garde du corps" Martin, dans une ambiance émotionnelle forte, voire romantique - puisque Urasawa use cette fois du cliché très cinématographique des retrouvailles manquées sur le quai d'une gare. La force du personnage de Martin, et la séduction qu'il dégage, ne rend d'ailleurs que plus cruel la pâleur du personnage principal de "Monster", Tenma, qui est de moins en moins crédible lorsqu'il prend un air décidé et annonce pour la nième fois qu'il va tuer le monstre ! La seconde partie nous ramène à Prague, où nous retrouvons nombre de personnages secondaires - qui font, on le sait, la richesse des livres d'Urasawa - et assistons aux efforts, cette fois couronnés de succès, de Nina pour retrouver la mémoire, et nous en dire plus sur ce é mystérieux qu'elle partage avec son frère jumeau. Un point intéressant de ce tome très riche est le retour à des considération politiques, le monstre manipulant (ou étant manipulé ?) par l'extrême droite allemande pour créer un nouveau führer (ce qui n'est pas vraiment une surprise, cette piste politique ayant déjà été ébauchée plus tôt dans la saga, de même que la question du racisme anti-turcs, à nouveau subtilement évoqué ici). [Critique écrite en 2015]