Allez, mettons nos gros sabots, et exposons notre ressenti sur cette oeuvre, considérée (ici) comme un incontournable de la SF.
Alors : la bd a commencé sa parution alors que je n'étais pas encore né. L'effet de nostalgie joue bien sûr dans la perception d'une oeuvre (surtout au niveau de sa forme, je pense)
Je ne m'attarderais pas sur les dessins (dont je n'aime pas le genre, ceux ci ayant, je trouve, très mal vieilli), largement insuffisants pour juger une oeuvre.
Attaquons nous alors au reste : l'intrigue, le scénario, les personnages. Alors, la SF est un terreau fertile pour les questionnements actuels : et ceux ci sont transposés, sans aucune subtilité, dans l'Incal. La question écologique, la notion de résistance, de média, de religion... mais de façon complètement binaire (les méchants qui s'appellent "la ténèbre", ont des airs de SS... qui souhaitent détruire les soleils, mais... pourquoi... au juste ? bref, des bons méchants bien classiques dont la seule motivation et relief est de faire le mal, sans aucune autre explication.
L'incal arrive comme un cheveu sur la soupe, est offert à un antihéros qui aurait pu être attachant, si plus développé. Tout auteur se projette bien sûr (plus ou moins consciemment) dans son oeuvre, mais c'est parfois tellement criant que cela altère la qualité même de l'oeuvre. Le détective un peu pouilleux, alcoolique, qui fréquente les prostituées... et est soumis à des circonstances complètement stupides, genre devoir "féconder une entité" qui prend la forme de sa bien aimée... qui tombe inexplicablement amoureuse de lui, étrange vu à quel point le personnage est au final banal et peu travaillé. En fait, les thèmes abordés sont tellement peu subtils et mal transcris dans un univers de SF qui cela en devient génant.
L'atmosphère psychédélique est assez bien retranscrite, et j'ai apprécié de voir le "robot ennemi" en mode "commentateur BFMTV" pour manipuler le peuple. Mais ces petits détails ne sauvent pas une oeuvre largement surcôtée (de mon humble avis)
Du même univers que les métabarons (découvert avant l'incal) le dessin avait l'avantage d'être plus nerveux et torturé, et malgré son manichéisme aussi très présent, les problématiques du métabaron avaient au moins l'avantage d'être originales (auto inceste, paricide...) et de s'ancrer avec intelligence dans le récit de SF. Ce qui n'est pas le cas avec l'incal. Bonne grosse déception donc.