Pour l'Empire, c'est le dernier Vivès. Et Vivès, récemment, il me proutait un peu. A croire que tout ce qu'il savait faire, c'était des BD pour adolescentes en manque de sentimentalisme... Bon, okay, j'avoue : Dans mes yeux, c'était bien; Le goût du chlore ça ait encore; mais avec le reste, on était en droit de se demander s'il était capable de faire autre chose que de raconter des histoires d'amour torturé/bizarre/minimaliste/pitoyable/etc. Eh ben, la réponse à cette question, c'est oui. Et il y arrive de manière plus qu'honorable. Mais peut-être est-ce dû à la participation de Merwan Chabane au scénario et au dessin. En effet, Pour l'empire est un quatre mains menés avec brio.
Mais avant de parler du scénario de ce machin, je me dois d'évoquer la beauté de ladite BD. "Ouais, ça va, on parle de Vivès, on sait qu'il est bon ce jeunot" allez-vous me rétorquer. Seulement oui mais non. Ce qui touche, avant même l'impact du trait - indifférenciable (et ça, c'est beau) - des deux dessinateurs, c'est bien l'utilisation des couleurs et des textures de la coloriste. C'est par les couleurs que l'ambiance générale est donnée et sans lesquelles le dessin de nos deux auteurs n'aurait pas autant été mis en valeur. (Mais l'inverse est vrai également.) Tout ça pour dire que, graphiquement, c'est très beau.
Pour ce qui est de l'histoire, ça pourrait tenir en quelques phrases (ou presque) : le capitaine Glorim Cortis et ses hommes sont le meilleur groupe de bellicistes de l'empire romain. Empire qui est alors à son apogée et qui veut s'agrandir. C'est pourquoi l'empereur décide d'envoyer ses meilleurs éléments aux confins du territoire afin de l'agrandir. S'en suit alors un début de voyage tout ce qu'il y a de plus... calme. Et tout au long de ce périple s'insinue le pire des maux pour ces soldats de première catégorie : l'ennui. Fini les combats sanglants, les cris de guerres et autres déchiquetages. Le doute commence à s'installer. La troupe de guerriers se retrouve face à elle-même embarquée vers un inconnu plus déstabilisant que n'importe quelle bataille.
Au final, même si on ne sait pas où va nous mener l'histoire, la BD en elle-même se lit très bien et est d'une très belle réalisation. Le duo Vivès/Chabane fonctionne à merveille dans le sens où il arrive à révéler un début d'introspection chez ce qui nous apparait, au premier abord, comme étant une bande de bourrins de premières. Bref, c'est différent, c'est cool, c'est au moins à lire.
(Bon, je m'en vais de ce pas compléter mon avis en fournissant une critique du tome 2)