Un bel ouvrage pour commencer (le dessin de Peeters, ce n'est clairement pas du gribouillis!), assez captivant tout du long (avec notamment de beaux portraits de femmes), mais qui a pour principale tare de maltraiter narrativement son personnage le plus intéressant, au point d'en devenir au final assez frustrant.
Ici commence le spoil:
Car, en effet, quel dommage de construire un tel méchant que ce Max Corbeau (qui fait fortement penser d'ailleurs à la terrifiante femme-hibou du film Under the silver lake) pour finalement si mal le connecter au fil narratif d'ensemble (même si cela n'apparaît clairement qu'à la fin)!
Les liens qui relient ce monstre, qui occupe tout de même une place prépondérante dans la narration, avec la famille des héroïnes, les géants, etc...ne sont au final que suggérés, et plusieurs pistes sont avancées sans explications convaincantes au bout du bout.
Surtout, lorsque l'on constate que ce que l'on considérait comme un personnage principal (selon toutes les apparences) n'était qu'un personnage secondaire dans les faits, on ne peut s'empêcher de considérer que l'on a été en fait gentiment baladé par le scénariste par le biais de ce que l'on ne peut que qualifier de Deus ex machina (un gros mot pour tout récit qui se respecte). Comme si, en quelque sorte, ce monstre avide était parvenu à prendre le contrôle d'une BD où il était pourtant censé demeurer au second plan. On pourrait appeler cela le "syndrome du personnage secondaire trop réussi pour le propre bien de la BD dans laquelle il apparaît".
C'est vraiment encore une fois dommage que la BD n'ait pas su trouver un meilleur équilibre narratif, car l'ensemble avait de toute évidence un potentiel "monstre"...Une semi-déception, frustrante sur la fin. Pour autant, je conseillerais la lecture de cette œuvre qui vaut tout de même largement le coup d’œil à mon sens.