Katya, Antoine Schiffers, Casterman
1998, Katerina habite à Berlin depuis dix ans. Elle revient à Grozny, Tchétchénie, pour retrouver la trace de sa fille Katya. Tout est désolation, ruines et risques. Malik un jeune garçon l’aide dans sa recherche.
Sous titré La guerre. Partout. Toujours, cet album est malheureusement intemporel. Il pourrait se dérouler sur n’importe quel front, toujours les femmes sont victimes de la violence des hommes, violées, torturées, tuées par les assaillants. Même s’il réside peu d’espoir de revoir Katya en vie, Katerina veut y croire et veut au moins savoir où est sa fille ou son corps. Elle va rencontrer des gens qui l’aideront, d’autres qui profiteront d’elle, d’autres menaçants, tout ce que le monde produit d’êtres humains aux caractères exacerbés par la guerre.
Antoine Schiffers est un autodidacte au trait très personnel qui m’a ravi. J’ai trouvé cet album sublime, c’est triste à dire mais ses dessins des villes et villages ravagés sont d’une beauté rare. Les corps sont parfois dessinés clairement, d’autres fois vus de loin, esquissés. Les couleurs sont le plus souvent pastels, elles s’intensifient dans certaines cases pour un fait bien précis. Le tout donne une ambiance propice à l’histoire triste de ce pays et de ses habitants. Avec cependant, quelques lueurs, grâce notamment à Malik.
D’une grande sobriété, cet album est très profond, très prenant, je n’ai cessé de revenir en arrière pour garder en tête les cases, de le rouvrir une fois fini. Une BD à découvrir.