La principale qualité de cette BD réside dans le choix de son sujet : le Dust Bowl, cette région à cheval sur 4 États du sud des Etats-Unis qui connut, juste après la crise de 1929, d'extrêmes épisodes de sécheresse et de tempêtes.
L'approche d'Aimée de Jongh est très intéressante, elle peint un parallèle saisissant : le sable recouvre et anéantit les vies des agriculteurs du Dust Bowl en même temps que le gouvernement américain les abandonne à leur sort. C'est donc l'histoire d'un double effacement par la poussière et par les Hommes.
Au milieu de cela, le personnage principal va, grâce à la photographie, jouer le rôle de témoin de ces vies poussées à l'exil ou à la mort en 1930.
Là encore, un parallèle semble évident : John Clark témoigne à sa façon de ces destins tragiques à travers des images sur pellicule comme Aimée de Jongh choisit de témoigner 90 ans plus tard avec des images sur papier en choisissant de raconter cette histoire.
Malgré toutes ces bonnes idées et intentions, je n'ai pas réussi à me ionner pour cette histoire dans l'Histoire. La manière de mettre en scène le récit ne m'a pas rendu les paysans du Dust Bowl suffisamment attachants. Davantage de contexte et d'exposition des enjeux pour ces familles anéanties aurait peut-être permis de montrer plus efficacement qu'elles n'étaient pas simplement mises à l'épreuve de la Nature mais aussi à celle de l'abandon par leur pays, rajoutant ainsi de la puissance au témoignage.
Faites-vous votre avis, cette BD est tout de même le fruit d'un très beau travail.