Avec JoJo’s Bizarre Adventure (1986), Hirohiko Araki nous sert une saga qui ne ressemble à rien d’autre : c’est un mélange explosif de muscles saillants, de poses iconiques, et de combats aussi stratégiques qu’extravagants. Ici, la logique s’efface au profit de l’imprévisible, et ce qui semble absurde au départ devient rapidement une expérience inoubliable. Une aventure où le "bizarre" n’est pas un simple adjectif, mais une philosophie de vie.
Le récit suit plusieurs générations de la famille Joestar, chacune confrontée à des ennemis de plus en plus déments et à des pouvoirs aussi créatifs que délirants. Tout commence avec Jonathan Joestar, gentleman musclé au cœur pur, qui affronte Dio Brando, un méchant si flamboyant qu’il redéfinit le concept de maléfique. Et ça, ce n’est que le début. Au fil des arcs, Araki ne cesse de repousser les limites, ant des vampires aux Stands, ces manifestations surnaturelles qui transforment chaque combat en une partie d’échecs psychédélique.
Les personnages sont le cœur battant de JoJo. Chaque Joestar apporte une saveur unique : Jonathan est noble, Joseph est un escroc attachant, Jotaro est le roi du cool silencieux, et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Et que dire des antagonistes ? Dio, évidemment, reste une légende vivante (et morte, et ressuscitée), mais Araki ne manque jamais de créer des ennemis aussi redoutables que mémorables.
Visuellement, le style d’Araki est une œuvre en constante évolution. Dès le départ, ses personnages surdimensionnés et ses compositions exagérées attirent l’œil, mais à mesure que la série avance, son trait s’affine, adoptant une esthétique plus élégante et colorée. Chaque pose, chaque tenue, chaque expression est un moment digne d’une galerie d’art – souvent théâtrale, parfois hilarante, mais toujours inoubliable.
Mais ce qui distingue vraiment JoJo, c’est l’imagination sans limite d’Araki. Les pouvoirs des Stands, en particulier, transforment chaque bataille en un casse-tête captivant. Ici, il ne suffit pas d’être le plus fort : il faut être le plus malin, et chaque affrontement devient une danse complexe entre stratégie, absurdité, et éclairs de génie.
Certains pourraient reprocher à JoJo son côté excessif – tout est dramatique, tout est grandiloquent, et tout semble conçu pour être mémorable au point de saturation. Mais c’est précisément cette exagération qui fait son charme : JoJo ne s’excuse jamais d’être ce qu’il est, une œuvre aussi bizarre que brillante.
En résumé, JoJo’s Bizarre Adventure est bien plus qu’un manga : c’est une expérience, un voyage à travers les époques, les styles, et les limites de l’imagination. Hirohiko Araki a créé un univers où le ridicule côtoie le sublime, et où chaque page respire l’audace et l’inventivité. Une aventure qui, comme ses héros, ne s’arrête jamais, toujours prête à poser une nouvelle question : "Et si on allait encore plus loin ?"