Il faut flinguer Ramirez, BD française signée Nicolas Pétrimaux, dotée d'une jolie réputation. Déjà, il faut dire que les bouquins sont magnifiques, deux beaux objets. Quand on regarde les couvertures, on est sur un truc très visuel, très cinéma, années 80/90, avec tous les codes qu’on aime bien. Forcément, ça donne envie.
Mais voilà… j’ai eu du mal à rentrer dedans. Et ça me saoule toujours un peu parce qu'au final, je préfère largement adorer que chipoter. Alors on n’est pas ici sur quelque chose de mauvais, loin de là. Il y a un vrai style, une ambiance, un univers. Mais je me suis jamais complètement plongé dedans, je n’ai pas eu ce petit déclic qui fait qu’on se laisse embarquer. Pourtant, visuellement, c’est fort. Très fort. Il y a une vraie direction artistique qui fait clairement film. Les scènes sont léchées, les dessins sont beaux, le rythme est là. Le découpage est inventif, les bulles traversent les cases de manière fluide, ça suit bien l’action, ça donne du nerf à la lecture.
Et puis côté histoire, ça se tient, avec un scénario bien ficelé et qui fonctionne plutôt bien. Mais voilà, malgré tout ce côté stylé, ça n’a pas complètement pris pour moi. Peut-être que ça essaie trop d’en mettre plein la vue. Peut-être que ça sonne un peu forcé par moments, que ça manque de naturel, d’un petit quelque chose d’authentique. Et pourtant, je vois très bien pourquoi ça plaît, et je trouve ça vraiment cool de voir le succès qu'ont eu ces deux tomes. On est sur une BD, française en plus, et quand une œuvre comme ça trouve son public, c’est parfait. Mais bon, ce n'est pas pour autant qu'il fallait se forcer.
Sinon, je n’ai pas été non plus très convaincu par les perso, féminins notamment. D'ailleurs, il n’y en a que deux, un duo façon Bonnie and Clyde ou Thelma et Louise. Elles sont mises en valeur, c’est sûr, avec la jolie plastique qui va bien, ok, mais bon, ça fait un peu too much en même temps que pas assez.
Et si, comme le reste des personnages, elles manquent un peu d’épaisseur, c'est aussi que tout est centré sur l’action, le style, et pour le coup, là c'est réussi ! En fait, à part Ramirez, qui a un peu plus de fond, on reste quand même beaucoup en surface. Lui, il a un côté intriguant, un jeu d’expression particulier, très tourné sur la mélancolie et la surprise. Mais même là, je n’ai pas toujours compris là où on voulait nous emmener.
Bon, malgré toutes ces réserves, j’ai hâte que le troisième tome sorte. On sent avec les années de préparation, qu’il se trame quelque chose (5 ans depuis la fin du second tome, alors que les deux premiers étaient plus rapprochés). J’espère que ce ne sera pas juste une continuité, mais qu’on ira vers un vrai dénouement, quelque chose qui donne plus d’épaisseur à l’ensemble. En tout cas, je suis curieux. Et ça, c’est déjà pas mal.